[dropcap]A[/dropcap]près 77 paru en 2019, Marin Fouqué hausse le ton et propose dans G.A.V. une polyphonie venant des cellules de garde à vue. À travers plusieurs voix dissonantes, le jeune écrivain décrit la violence de notre société et aiguise son art de la narration percussive et politique.
Angel range ses pieds sous ses cuisses. Les relents d’urine, de sang et de merde, toujours. C’est l’humanité toute entière, toutes ses strates, ses nuances et ses tonalités qui tournoient dans l’air. Une Babel des odeurs. Angel sourit, de son double sourire. Si notre civilisation vient à disparaître, s’il vous plaît, enfouissez profond les commissariats. Qu’on ne les retrouve pas. Qu’on ne se répète pas. Oui laissez-leur une vraie chance, une chance neuve, aux générations futures. Marin Fouqué
La trame principale est celle du personnage d’Angel, jeune homme malade, habitué des gardes à vue, mais le roman ne s’attarde pas seulement sur lui. Il y a aussi dans ce commissariat K-Vembre, intérimaire et écrivaine, un groupe d’antifa viriliste, un militant écologiste, un jeune adolescent perdu dans le complotisme, etc. Cette multitude de voix est résolument dysharmonique et donne à entendre les échos de notre temps, à la fois désespérants et motivants. Marin Fouqué démontre une capacité à donner corps à ses personnages, les laissant s’exprimer, avec des propos parfois intolérables.
Le chant qui ressort de G.A.V. est celui des enfermé-e.s, des opprimé-e.s qui ne connaissent comme réponse à leurs colères que la répression. L’aspect musical est présent partout dans le deuxième roman de Marin Fouqué. Notamment dans les citations allant de PNL à Aznavour ou de Stone et Charden à Diam’s. Puis le livre est aussi conçu comme une divine comédie dont des passages sont cités à chaque début de chapitre.
Après son exaltant premier roman, les lectrices et lecteurs attendaient de voir se confirmer la force du style de Marin Fouqué. C’est le cas avec un roman résolument politique, choral, se dédiant à faire entendre l’oppression systémique de notre société. G.A.V. fait un constat simple : enfermer pour n’importe quelle raison n’encourage que la haine. Celles et ceux qui se démènent dans ce roman sont autant d’exemples signalant que notre société a oublié l’essentiel : la considération. Marin Fouqué leur redonne ce droit avec autant de fermeté qu’un enfermement.
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G.A.V. de Marin Fouqué
Actes sud, 18 août 2021
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Image bandeau : Unsplash Ye Jinghan