[dropcap]S[/dropcap]i vous connaissez et aimez Jean Giono, pas de problème, vous allez vous jeter sur l’essai d‘Emmanuelle Lambert : Giono, furioso.
Si vous n’avez jamais lu Giono, vous trouverez ici une mine de renseignements, d’analyses, de comparaison de l’œuvre et d’anecdotes sur la vie du grand homme.
Et si vous êtes entre les deux, Giono, furioso vous intéressera aussi car Emmanuelle Lambert ne fait pas dans la demi-mesure.
Vous êtes sans doute coupable sans l’avoir voulu : vous payez votre gloire. Votre luminescence a relégué votre part d’ombre dans un coin racorni, et quelque peu désagréable. Et puis vous avez le sens de la formule : « Le voyageur immobile », « Le poète doit être un professeur d’espérance ». J’ai horreur de ça, et pourtant, c’est bien vous, l’auteur de ces slogans, qui aujourd’hui vous recouvrent, vous unifient, vous ôtent la part tremblotante de colère qui, moi, m’emporte.
Certes, elle admire Giono, l’homme, le père, l’écrivain, l’amoureux, le Giono dit de la première période, chantre de la nature mais pas seulement, le Giono, plus sombre et parfois désespéré de la deuxième période. Elle semble le capturer dans son entièreté et sait rester critique envers lui. Elle ne lui pardonne, par exemple, pas son attitude ambiguë pendant la guerre. Elle ne cache pas non plus ses amours hors mariage.
C’est le portrait d’un homme que nous avons ici. Un homme qui s’est beaucoup raconté au travers de ses livres, mêlant le vrai au faux.
Peut-être était-il difficile de le saisir plus jeune. les grands livres ont ceci que nous ne lisons jamais la même chose lorsque nous les relisons. Peut-être me fallait-il avoir empilé suffisamment d’épaisseur de temps, de joies, d’échecs et de lenteur pour comprendre ce que Giono dit, depuis son siècle lointain. Ses visions sont celles qu’on a lorsqu’on est pris par le sentiment que la vie, dans sa banalité de jour le jour, inspire fatalement aux sensibles : l’ennui. Assassinat, maladie, suicide, fracas peuplent sa rêverie. Frottant son cuir à la noirceur des choses, il y retrouver du nerf. Chez lui, la nuit gémit, la forêt gronde. Le vent ne souffle pas. Il hurle.
On voudrait qu’Emmanuelle Lambert nous en dise plus, aille plus loin dans son analyse des écrits de Giono. Mais cela deviendrait un livre universitaire. Or, elle nous propose plutôt une œuvre qui hésite parfois entre autobiographie (celle de Giono ou la sienne ?) et essai.
En tout cas son livre se lit avec passion et célèbre autant l’écrivain, que l’homme (s’ils sont dissociables) et son œuvre. Il nous dit également et de manière très forte l’importance de la création pour Giono, geste intime qui lui permet de raconter et de se raconter.
Enfin, à noter, Emmanuelle Lambert s’occupe de l’exposition Giono au Mucem (visible à Marseille jusqu’au 17 février) et que sous sa direction, les éditions Gallimard proposent le catalogue de l’exposition. Pour ceux qui voudraient prolonger le plaisir d’être en compagnie de Jean Giono.
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Giono, furioso
d’Emmanuelle Lambert
éditions Stock, septembre 2019
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