Le 21 Août sort A Paradise, premier album de Gwilym Gold. Vous vous en foutez probablement comme de votre première chemise, et vous n’auriez pas tort, mais ce disque est un anachronisme musical.
Le Britannique, ancien leader du groupe Psyché/Pop Golden Silvers, nous livre son premier album qui, en toute logique, aurait du voir le jour il y a au moins cinq ans. Au moment où Darkstar sortait North, où James Blake sortait son premier album éponyme. A l’époque où le Dubstep était à son apogée (et depuis tombé en désuétude il y a deux ou trois ans au profit d’un autre courant qu’on devrait avoir oublié d’ici un an ou deux et ainsi de suite). Pourtant, Gwilym Gold le ramène à la vie de fort belle manière sur un A Paradise assez bluffant.
Épaulé par le producteur Lexxx (Darkstar entre autres) et James Young (membre de… Darkstar), Gwilym Gold lui fait subir une diète assez phénoménale proche dans l’esprit du premier James Blake. Et ce, en misant sur le côté organique de ses chansons (toutes composées chez lui, au piano, véritable colonne vertébrale de ce disque par ailleurs), en s’appuyant sur le savoir-faire des musiciens de Darkstar quant aux arrangements électro, en mettant l’accent sur les arrangements foisonnants et paradoxalement épurés des instruments à cordes de Nico Muhly (œuvrant plutôt dans le classique) et surtout sur la voix magnifique de Gold, proche parfois d’un Morten Harket (Breathless) ou même d’un Brian Wilson (le majestueux et très Beach Boys Uninvited). Il en résulte un album très épuré, assez lent, à la limite du contemplatif, aux beats rachitiques jouant beaucoup avec le silence (Breath Alone), tutoyant même l’excellence de Darkstar (notamment sur le superbe et mélancolique Triumph, du niveau des compositions de North). Un disque sur lequel plane également l’ombre de Robert Wyatt, ou évoquant aussi The White Birch (notamment I Know, I Know), mais qui, contrairement à ce que vous pourriez croire en lisant cette chronique, ne se révèle pas être qu’un simple catalogue de références. De fait, si les références sont bien présentes, Gwilym Gold habite complétement sa musique, fait sienne ce Dubstep mâtiné d’électro-pop en y incluant des arrangements de cordes d’une beauté à pleurer, prend des risques assez étonnants en y incluant le songwriting pop hérité de Golden Silvers (ce qui permet aux chansons d’avoir une accroche assez rapide), parfois des chœurs Soul (Flex) et de subtiles références aux B.O (Evergreen).
Il se dégage au final de A Paradise un paradoxe étonnant : celui d’écouter au travers cette sophistication quelque chose d’intemporel, une musique d’une légèreté étonnante, parfois atonale, souvent bluffante, d’une grande maturité, renvoyant à l’enfance comme pouvaient le faire certains disques des Beach Boys. Et, curieusement, A Paradise est on ne peut plus ancré dans son époque et complètement décalé : il est juste un disque Dubstep de plus (ce qui peut le rendre parfaitement inintéressant), venant après quelques pointures comme James Blake et Darkstar mais se démarquant par un champ musical bien plus vaste qu’il n’y paraît. Un disque d’apparence simple, à l’image de ce que l’artwork nous laisse à voir, mais d’une belle et douce complexité, dévoilant de superbes failles.
A Paradise, Sorti le 21 août chez Brille Records ainsi que chez tous les disquaires n’ayant pas encore viré la case Dubstep de leurs rayons.
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