[dropcap]E[/dropcap]t si je vous proposais un voyage dans le temps ? Plus précisément dans les 90’s, je sens déjà que la proposition vous tente, actuellement, on ferait n’importe quoi pour fuir cette période mortifère.
Le premier album des Parisiens de Hoorsees, sorti le 19 février chez Howlin’ Banana Records / In Silico Records / Kanine Records, nous plonge directement dans une certaine nostalgie musicale – je m’adresse bien entendu au quarantenaire dont je fais désormais partie – un retour à une époque faite de déprime dans sa chambre, de mal-être et de doutes existentiels : je veux bien sûr parler de l’adolescence !
Les Spacemen 3 avaient leur Taking Drugs to Make Music to Take Drugs To. Le premier album d’Hoorsees aurait lui très bien pu s’intituler Being sad to make music to be sad to. Ce n’est pas moi qui le dis mais ce leitmotiv semble contenir à lui seul toute l’essence de ce projet qui est né en 2017 autour d’Alexin Delamard.
Cela dit, ne noircissons pas trop le tableau car à l’écoute de ces neuf titres, il en résulte un sentiment de fraîcheur et une énergie flirtant avec le shoegaze, l’indie pop, le garage rock et un son lo-fi qui ne sont pas sans rappeler des groupes allant de Pavement, en passant par Alex G, à Green Day.
Hoorsees est avant tout le projet d’Alexin, qui après avoir officié au sein du groupe garage punk Dr Chan, a lancé Hoorsees avec Zoé Gilbert (basse/chant), et deux nouveaux membres, Nicolas Coste (batterie) et Thomas Gachod (guitare/synthé).
Un premier EP sort en 2017, Youth, au son assez brut et do it yourself, qui se présente sous forme de démos – on notera le titre Pitfall qui prendra de l’ampleur sur ce premier album. Mais, c’est en 2019 qu’ils sortent officiellement leur premier EP, Major League Of Pain (la référence à Pavement, vous la voyez un peu mieux là ?) via In Silico et commencent à se faire remarquer jusqu’à signer sur trois labels en même temps pour se donner les moyens de sortir ce premier album éponyme.
Le premier single, Overdry, qui ouvre aussi l’album, déroule ses mélodies rock alternatives à l’esthétique 90’s, le ton est donné. Le clip, réalisé par Juliette Gamblin au Soleil-Club, un restaurant/discothèque antillais du 14ème arrondissement renforce le côté kitsch de l’ensemble, rehaussé par la teinte de l’image façon VHS pour parfaire le décor, on adore et on en redemande ! Alors, pour la noirceur et la mélancolie on repassera, le paradoxe est saisissant et c’est sans doute, toute la contradiction de l’adolescence de passer du rire aux larmes.
Pitfall avec son intro à la My Bloody Valentine, est un titre exhumé des premières démos de 2017, un piège qui fait peut-être référence à un célèbre jeu vidéo des années 80, je m’égare… ou pas, la question est posée. Mais la référence à la tristesse est sans équivoque et s’étire sur Fuck Head, qui sonne comme un bon vieux Nirvana, de quoi se prendre la tête jusqu’à l’épuisement.
Ce qui nous conduit au troisième single de Hoorsees, Get Tired, avec un retour devant le restaurant antillais Soleil-Club pour une promenade avec un chien, respirant la joie de vivre, en mode ralenti et au grain nostalgique. Un morceau sans couplet ni refrain, construit sur deux accords de guitare, exprimant la profonde lassitude d’Alexin, le caniche, lui, a l’air plutôt heureux.
Dans Videogames, second single de l’album, Alex essaie de fuir son quotidien à travers les jeux vidéo. Le clip tourné avec un vieux caméscope JVC de 1994, donne à l’image, une fois de plus, un côté hors du temps. Ah ! La VHS… Les vrais reconnaitront le jeu Tony Hawk Pro Skater 2… je repense nostalgique à ces douces après-midi productives à l’ambiance brumeuse, entre amis, devant l’écran, pas besoin de fermer les yeux, tout est là.
La suite de l’album tient toutes ses promesses entre la pause salvatrice d’Instant Tea et son étrange introduction, qui nous rappelle aussi que Hoorsees est un groupe des années 2000, avec un son indie bien plus proche de nous. Major League et sa référence notable à Pavement dans son versant le plus pop… La fraîcheur de Give It Up, qui évoque des groupes comme Beach Fossils, DIIV, comme tout droit sorti des côtes californiennes, on comprend mieux pourquoi Hoorsees suscite aussi l’engouement de l’autre côté de l’Atlantique.
Et pour conclure en beauté ce premier album, le titre Waterfall/Hurts Rusts, le plus long avec ses 7 minutes 50 scindées en deux parties, avec le fameux morceau caché, comme à l’époque… laissant une note shoegaze en bouche.
Hoorsees nous emporte le temps de ces 9 titres et près de 38 minutes sur des chemins familiers à la douce saveur post-adolescente, comme pour nous préparer à quitter cette époque bénie entre mélancolie, désillusion, mal de vivre… le pire étant peut-être à venir, une fois la frontière vers le monde adulte franchie. Finalement, on finit par se dire que ce n’était pas si mal d’en avoir marre de tout sans savoir exactement pourquoi. Le premier album de Hoorsees pourrait bien devenir la bande son idéale de toute une génération en mal de rêve et de légèreté. Quelque chose me dit qu’on n’a pas fini d’entendre parler d’eux… à suivre !
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Hoorsees – Hoorsees
Howlin’ Banana Records / In Silico Records / Kanine Records – 19 février 2021
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Image bandeau : Hoorsees ©Howlin’ Banana 2020