Deux sorties en poche nous permettent de revenir sur des textes initialement publiés par les éditions La peuplade, et qui apportent un éclairage inédit sur les cultures et sociétés de quelques-uns de ces morceaux de terre perdus dans les mers froides, et dont il fût souvent difficile d’entendre la voix originale en dehors de leur puissance tutélaire, en l’espèce le Danemark.
Ils ont partagé une banale photo de classe des années cinquante, ces garçons de l’école Saint-François de Tórshavn, capitale des îles Féroé. Ils ne le savaient pas alors, heureusement, mais plusieurs de ces enfants qui ont ouvert les yeux sous les lumières du 62ème parallèle Nord vont mourir prématurément.
Avec Les collectionneurs d’images désormais disponible au Livre de Poche, Jóanes Nielsen brosse au travers de leurs trajectoires qui se croisent, bifurquent ou se retrouvent, un tableau de la complexe histoire de l’archipel des Féroé confronté à la difficile conjugaison de la tradition et de la modernité, aux marges de manœuvres étroites laissées entre un Danemark dominant et une dépendance économique inévitable et également à la gageure de faire reconnaître et maintenir une langue spécifique quand un si faible nombre de locuteurs en fait une proie si facile.
Un très beau roman, illuminé par la richesse et la puissance des extrêmes ainsi qu’ un attachement indéfectible des personnages à la terre qui les aura vus naître.
Encore un peu plus au nord, c’est le Groenland qui nous accueille cette fois avec le superbe et émouvant roman de l’écrivaine Niviaq Korneliussen, La vallée des fleurs, dont le premier ouvrage Homo sapiennne avait déjà été très remarqué.
C’est un roman de nos modernités, loin des images d’Épinal véhiculées sur les terres boréales et qui crie à pleine voix leur aspiration à la liberté. Addict-culture vous en parlait en mars 2022.
Vous allez pouvoir découvrir ce magnifique texte dès le 15 juin en 10/18.
« On ne trouve pas d’explication incontestable au fait que les gens se tuent quand arrive le soleil de minuit, mais une des hypothèses serait qu’ils deviennent dépressifs quand ils dorment trop peu, une autre que, après un hiver sombre et froid, ils gagnent des forces à mesure que les journées se font plus claires et plus chaudes, mais que, lorsqu’enfin elles sont là, ils réalisent que la vie ne s’améliorera pas pour autant. Jamais. »
─ Niviaq Korneliussen, La vallée des fleurs
Si vous les aviez ratés lors de leurs sorties, cette fois, ne les manquez pas !