Rarement un ouvrage – qu’il s’agisse d’une bande dessinée ou de toute autre forme de réalisation littéraire – n’aura aussi bien su capter le chemin de croix parcouru par une personne tentant de comprendre les raisons de ses blessures intérieures. Cette prouesse nécessitant une grande capacité d’introspection, il n’est guère étonnant que ledit ouvrage soit autobiographique. Avec Impénétrable, trois ans après un Ne m’oublie pas qui l’avait révélée, Alix Garin partage avec une authenticité rare ses tourments internes et, évidemment, corporelles.
« Mais personne ne comprend ce que j’ai ! Gynéco, psy, sexologue… Est-ce que je suis folle ? C’est dans ma tête ? »
─ Alix Garin, Impénétrable.
Alors qu’elle semblait avoir le vent en poupe après son premier ouvrage, la Belge se retrouve confrontée à un mal d’abord indicible sur lequel elle essaie de mettre des mots. En effet, peu après le décès de sa grand-mère, elle ressent de grandes douleurs, se bloque et n’éprouve – évidemment – plus le moindre plaisir lors des actes sexuels. A la recherche d’un diagnostic, elle parviendra finalement à mettre le mot de « vaginisme » sur ce trouble, sans que cette étiquette ne soit tout à fait adaptée.

Au-delà de cette pathologie en elle-même, c’est surtout cette introspection qui permet à chacun de s’identifier à cette aventure. Des questionnements exigeants qui, pour être menés à bien, nécessitent une pulsion de vie dont regorge l’auteure. C’est ainsi que l’on observe cette dernière, au fil des pages, franchir petit à petit les paliers qui, parfois très subtilement, la rapprochent d’un état de mieux-être.
On ne peut pas vraiment parler de guérison, car l’idée n’est pas de retrouver l’état d’avant. Cette connexion entre le corps et la psyché est parfaitement illustrée et narrée par Alix Garin. Alors qu’elle est globalement heureuse en amour, cette incapacité -précisément – à « faire l’amour » pousse cette jeune femme née en 1997 à questionner tous les pans de sa relation et, plus globalement, de sa sexualité. C’est cette quête de bien-être, à la fois touchante et libératrice, qui fait de ce récit une œuvre majuscule.

Alors que ce sujet tabou pourrait hérisser les poils de quelques lecteurs frigides, ce dernier est – étonnamment et habilement – habité par autant d’humour que de pudeur. Une question d’équilibre, donc. Celui après lequel Alix Garin court vaillamment.
Et si elle a trouvé une grande partie des réponses à ses questions, il est impossible d’envisager que ces scènes de vie finales soient la conclusion de SON histoire. Ce récit est avant tout celui de retrouvailles avec soi-même, d’une introspection loin du regard de l’autre. Un parcours digne, rendu accessible par le style direct et les dessins accrocheurs d’Alix Garin. Un parcours universel, donc, et finalement pas si impénétrable.