A la droite des ombres nous retrouvons Julia Lanoë, bien plus connue sous son nom de scène Rebeka Warrior, élément par ailleurs essentiel aux projets Sexy Sushi et Mansfield.TYA. À ses côtés, se dresse Pascal Arbez-Nicolas répondant quant à lui du blaze Vitalic.
Les deux acolytes avaient déjà sévi sous les traits du duo Kompromat et plus particulièrement avec un album Traum und Existenz intégralement chanté dans la langue de Goethe. Leur synergie avait soulevé en 2019 un certain enthousiasme de la part de la presse spécialisée et du public. Nous avions pu penser à un « one shot » sans lendemain mais en ce début de millésime 2025, le duo s’est reformé pour nous ravir d’un deuxième long format, interprété cette fois-ci dans les langues de Shakespeare et Molière.
Premier constat évident, la molette est poussée de façon un peu plus dense sur les basses et vibrations électroniques. La matière est remuante, calée sur une trame le plus souvent compulsive et froide à l’instar du morceau Playing / Praying conférant son titre au recueil.
Ce nouvel album s’immisce dans des thèmes profonds tels que la prière, les rites funéraires, les transitions entre les mondes… sans négliger les plaisirs plus épicuriens qui conduisent les protagonistes dans une jouissive extase… Une véritable invocation divine où la musique et la danse deviennent les liens entre l’humain et le sacré. A travers des incantations enjolivées par des BPM soutenus, Kompromat capture une certaine démesure mystique et futuriste de l’instant.
Nos artificiers sont épaulés pour l’occasion par les échos fantomatiques des camarades de jeu Vimala Pons et Sonia DeVille, outre la présence au casting de collaborations notables dont celle goupillée avec l’artiste londonienne Farah venue muscler la belle affaire d’un enivrant et robotique God Is On My Side aux secousses digitales plongées dans l’encre noire.
Rebeka Warrior et Vitalic s’amusent et jonglent avec des éléments d’apparence inconciliables et la seconde partie de la démonstration semble alors forcer la dualité du caractère. Grâce à Forever, les barrières s’effacent. La transe peut alors s’exprimer librement dans une torsion implacable.
Dans la foulée, I Surrender est sans nul doute la piste de ce Playing / Praying qui m’obsède le plus. Tout y est… Une plongée dans des âmes les plus obscures dans la perspective d’un abandon total. L’IA fera le reste pour la fin de la traversée. À suivre pour l’incarnation sur scène, en chair et en os (la majorité des dates de la tournée programmée est déjà blindée).
Crédit photo: Maxime Ballesteros

KOMPROMAT . PLДYING / PRДYING
WARRIORECORDS – 24 Janvier 2025