Avec Moustache, Jules Messaud (à qui l’on doit notamment Akropolis) et Alexandre Aguilar signent un jeu de plis aussi élégant qu’espiègle, à l’image du bel appendice pileux qui lui donne son nom. Publié par la très sympathique équipe de Lumberjacks, le jeu rend hommage aux grands classiques du genre tout en y ajoutant cette nécessaire touche de malice et de fantaisie.
Vous connaissez peut-être le principe d’un jeu de plis, le plus connu d’entre eux étant la belote. Chaque joueur a un certain nombre de cartes en main et, chacun son tour, pose l’une de ces cartes au centre de la table. Celui qui a joué la carte la plus forte a remporté le pli et ramasse toutes les cartes. Heureusement, à l’image de Skull King il y a quelques années, Moustache renouvelle habilement le genre.
Initialement, rien de bien compliqué. Les cartes sont classées parmi quatre familles de couleurs (vertes, roses, oranges et bleues). Les cartes bleues sont plus fortes que les oranges, qui surclassent les roses, lesquelles dominent les vertes. Les cartes contiennent enfin un nombre (en exemplaire unique pour chaque couleur), et vous comprendrez aisément à la taille de la moustache sur l’illustration que le 9 est plus fort que le 1.
Soit, vous avez donc compris qu’à l’issue d’un pli, celui qui a joué le 9 bleu battra le 4 vert et le 2 rose. Tout ça pour ça ? Non. Car il y a deux twists essentiels dans Moustache. Le premier, c’est qu’à chaque manche, on tire une carte qui ajoutera une règle, laquelle viendra pimenter le jeu. Par exemple, les cartes de valeur 2 remportent désormais le pli. Ou si des cartes de valeurs identiques (un 7 vert et un 7 bleu, par exemple) sont posées sur la table, elles sont défaussées et on les ignore.

Après chaque manche, on conserve la règle précédente, et on en ajoute une. Vous imaginez bien qu’à partir de la troisième manche, le jeu devient plus complexe sans être totalement chaotique pour autant (on reste sur un jeu de plis).
Quand au second twist ? C’est que l’on peut jouer en équipe. Comme à la belote, direz-vous. Sauf que les équipes changent à chaque manche. Je peux être avec un.e partenaire lors de la première manche, l’affronter lors des deux suivantes, et être de nouveau avec lui/elle pour la quatrième et dernière manche. On comptabilise qui a remporté le plus de points à la fin des quatre manches via un système ludique et ceci détermine le vainqueur.
Il convient de noter que le jeu est pensé pour être joué de 3 à 6 joueurs. À 4 et 6 joueurs, ce sera plutôt simple puisque les deux équipes seront équilibrées. A 3 ou 5 joueurs, des cartes « bonus » permettront de compenser le handicap de l’équipe en infériorité numérique. Malin, car rares sont les jeux de plis en équipe qui peuvent être joués par un nombre impair de joueurs.
Last but not least, comme souvent chez Lumberjacks, le matériel est particulièrement soigné. Les illustrations respirent la fraîcheur et la bonne humeur. Les cartes brillent, le fait d’associer la longueur de la moustache et la valeur de la carte est particulièrement malin. Et alors, pourquoi Moustache ? Et bien parce que le jeu s’inspire du jeu du Barbu.
En résumé, Moustache réussit l’exploit de faire un jeu de plis moderne, drôle et intergénérationnel. Idéal pour détendre une soirée entre amis, piéger un oncle trop confiant ou simplement se rappeler qu’un bon jeu, c’est avant tout celui qui crée une émulation et fabrique des souvenirs entre les ludistes.



