Joanna Newsom est une fée, Divers est son nouvel album. Voilà, j’ai placé mon jeu de mot pourri et promis, avec un tel titre j’aurais pu faire pire. Il faut dire que chroniquer un album de la chanteuse harpiste californienne est une sacrée paire de manches.
On aura beau dire tout le plaisir qu’on a à entrer dans son univers étrange, certains resteront à la porte, et ce, dès que son enfantin timbre de voix se fait entendre. Vocalement, en effet, Joanna Newsom est la fille de Kate Bush et de Donald Duck…dit comme ça, forcément, ça va en faire fuir certains, tant pis pour eux, ils ne savent pas qu’ils risquent de passer à côté d’une artiste passionnante.
On l’a découvert en 2004 avec son premier album The Milk-Eyed Mender et ses 2 titres emblématiques Sprout And The Beam et Peach, Plum, Pear. On est en plein revival folk et la miss s’intègre au mouvement atour de Devendra Banhart, Vetiver et autres CocoRosie.
Alors que ses congénères vont gentiment s’enfermer dans la même formule, Joanna lâche les chevaux, fait appel à Van Dyke Parks, découvert grâce à Bill Callahan, son amoureux de l’époque ainsi que Steve Albini et Jim O’Rourke pour Ys, son 2ème album gargantuesque, 5 titres entre 7 et 17 minutes. Elle fera encore plus fort, 4 ans plus tard en 2010 avec Have One On Me, triple album, près de 2 heures de musique, cette fille est folle, géniale mais folle.
2015, après un mariage et un rôle dans Inherent Vice, le dernier film de Paul Thomas Anderson, nous arrive donc Divers, un nouvel album qui présente une structure plus classique : 11 morceaux, 50 et quelques minutes. Pour ce faire, elle a fait appel à quelques pointures, comme Steve Albini, Ryan Francesconi, Nico Muhly ou Dave Longstreth.
Autant le dire de suite, Divers est excellent et touche souvent au sublime, dans ses meilleurs moments et ils sont nombreux, des premières mesures d’Anecdotes à l’aérien Time As The Sympton. L’album a donc l’air plus simple et accessible, mais reste un fantastique voyage dans des contrées inconnues au son de la harpe, mais aussi du piano, clavicorde, mellotron et autre marxophone.
Chaque chanson donne l’impression de pénétrer une forêt luxuriante, qui s’ouvre, ici sur une clairière, là, sur un torrent. C’est ébouriffant, c’est émouvant, ça laisse pantois, l’écoute des fabuleux Waltz Of The 101st Lightborne ou A Pin-Light Bent nécessite de tout arrêter immédiatement, comme si le temps se suspendait, ma machoire se décroche, mes poils se hérissent, je suis aux anges, un ange, avec les anges….
On croise Kate Bush et Karen Dalton, Joni Mitchell et Vashti Bunyan. Pop baroque, folk pastoral, country, Joanna Newsom varie les plaisirs, le ton est plus joyeux, même si la mélancolie habituelle n’est jamais loin (les très beaux Divers ou Things I Say ).
L’album détonne par son unité, chaque titre semble décliner du précédent, une pierre de plus à l’immense édifice que ce Divers, absolument remarquable.
Divers est disponible chez Drag City le 23 octobre.
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