Si vous l’avez loupé en 2014, ne le ratez surtout pas en 2015 !
Documentaire intimiste bouleversant. 2h44 pour se plonger dans le quotidien de la vie de Joaquim Pinto et de son mari. C’est un film sur l’Amour, l’amour de l’autre jusque dans la maladie, un regard sur la nature et l’animal.
Joaquim Pinto va nous faire vivre le quotidien de sa maladie sans pour autant que l’on comprenne mieux ce qu’il vit, mais il nous permet d’essayer. Et malgré tout cela, il nous emmène avec lui, dans son voyage d’une grande richesse philosophique, médicale, amoureuse, politique, économique… Autant de sujets qui le passionnent et le maintiennent en vie.
Pourquoi vouloir se filmer dans ces conditions d’affaiblissement, de douleur physique et forcément psychique si fortes ? En tout cas, j’ai été extrêmement touchée, évidemment par sa maladie et sa force, mais tout autant par ce qu’il partage avec le spectateur : son amour pour la littérature, son pays le Portugal, les gens qui l’entourent, sa terre. Il se livre sans artifice avec toute son humanité.
Sa manière de se filmer nous donne l’impression de l’approcher, de comprendre qui il est, de découvrir tout son univers. On ressent toute la valeur de cet homme et de ce couple. On apprend également à connaitre son compagnon, Nuno Leonel, très discret, et qui ne voulait pas être filmé mais qui va se laisser apprivoiser. Il va même jusqu’à prendre la camera et filmer Joaquim quand celui-ci n’a plus la force. C’est un vrai acte d’amour, d’une bonté infinie.
Ce film nous invite à voir, à regarder autour de nous. Le rapport à la faune et la flore est très forte. Il nous permet de prendre le temps d’observer quelques secondes une libellule ou ses chiens dans les champs. A cause de ses nombreux médicaments, ses perceptions sont souvent troublées et sa mémoire immédiate affectée. Alors pour ne pas oublier, il va filmer encore et encore, inlassablement. Cette boulimie de l’image nous prouve à quel point il veut garder les souvenirs et peut-être aussi afin que le spectateur ne puisse pas l’oublier, d’où ce titre Et maintenant ? Souviens toi de moi (E Agora ? Lembra-me, en version originale).
Il ne veut pas filmer seulement la maladie mais veut aussi nous montrer son environnement. Il nous émerveille à travers ces images, nous rend curieux, nous rend également lucide sur la société à travers les images d’information concernant la crise financière, et les nouvelles réglementations sur l’immigration. Pas un seul instant, on est gêné de le suivre pas à pas. On est souvent ému mais, en sortant du film, j’ai surtout ressenti son impressionnante curiosité, son ouverture et sa profonde humanité.
Ce film est tout simplement beau, il prend son temps et a désormais marqué mon histoire cinématographique.