[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#db9027″]E[/mks_dropcap]n 2017, J.C est revenu sur Terre. Mais pas à Bethléem, non, plutôt en terre normande, à Caen. Quand ? Pas le lundi, parce que le lundi il se reposait ; la veille c’était Pâques, il venait juste de résurrecter, et avait ingurgité trop d’œufs et autres confiseries pour aller bosser. Par contre, le lendemain, le 18 avril, il était parfaitement libre et dispo pour visiter la cité de Guillaume Le Conquérant.
Donc, avec le concours de l’association WeWant2Wigoler, J.C. débarque en plein cœur de Caen, aux Territoires Pionniers pour être précis, accompagné de trois apôtres, non pas pour distribuer la bonne parole mais la bonne chanson, la pop, celle qui réchauffe les âmes tout en instillant une certaine mélancolie dans nos cœurs d’artichauts.
Avant d’envahir la scène, John Cunningham (puisque c’est de lui qu’il s’agit) et ses trois comparses, postés près de l’ingé-son, ont assisté à la très belle performance d’Emmanuel Lebrun, alias A Drift, seul avec sa Gretsch pour soutenir son dernier EP, Through The Forest, sorti en novembre dernier. Difficile exercice que le Nantais parvient à rendre fort sympathique et drôle, malgré quelques petits problèmes techniques (voix qui oublie de le suivre sur un morceau, arpèges parfois récalcitrants), et qui aurait pu être superbe, avouons-le, si d’autres musiciens avaient pu le soutenir (pour preuve, le dernier morceau sur lequel il se fait accompagner par son PC portable, qui donne plus de texture à sa musique).
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#db9027″]D[/mks_dropcap]onc, avant que le quatuor n’envahisse la scène, je vais vous proposer une petite description de la configuration de la salle.
Sur la droite en arrivant, le merchandising/bar, suivi de près par la porte des toilettes, une autre porte et enfin la scène. Au milieu de la salle, trois bancs, et la place derrière pour une trentaine de personnes debout. La scène se trouve à deux mètres devant le premier banc, avec sur la gauche un synthé (Nord), les guitares posées entre le premier synthé et le second au milieu au fond ; sur la droite au fond, la batterie, et un peu plus en avant à droite, la basse posée sur un ampli Fender.
Autant dire qu’au vu de la configuration, si les membres du groupe avaient été taillés comme des All-Blacks, seuls le bassiste et le claviériste auraient pu atteindre leurs instruments. Fort heureusement pour nous, batteur excepté, ils sont de corpulence normale, voire fluets pour certains.
Le groupe arrive sur scène décontracté, cool. Cunningham s’installe avec sa guitare derrière le premier synthé Nord, Christian Lewcock, le bassiste, beau gosse du groupe tendance slacker (chaussé de pompes bateau et vêtu d’un magnifique gilet rouge orné de chevaux, seyant tout à fait à sa basse), s’assied sur l’ampli et n’en décollera qu’au dernier morceau.
Joe Watson, le claviériste, sorte de Jarvis Cocker tendance nerd (avec un gilet marron par-dessus une chemise grise, et des Converse usées) prend place derrière son Yamaha, puis Paul Portinari le batteur, trapu, qu’on imagine aisément issu d’un groupe de Black métal Norvégien, passe tant bien que mal entre les différents instruments pour rejoindre ses fûts.
Une fois tout ce petit monde installé, Cunningham lance le tempo et entame un superbe Something About The Rain tout en délicatesse, puis enchaîne avec Let Go Of These Dreams. Le set va alterner tout du long nouveaux morceaux (Fell sera joué au complet) et vieilleries (seul Bringing In The Blue ne sera pas évoqué), morceaux intimistes (Invisible Lives, même agrémentée d’un « shit » rigolard est juste sublime), et autres plus musclés (à ce titre, il faut saluer la performance de l’excellent batteur, tout en puissance et au faciès particulièrement expressif), le tout concentré mais hyper détendu.
Nous assisterons même à quelques passes d’armes vestimentaires entre le bassiste et le clavier, ainsi qu’à une dédicace de Cunningham envers l’organisateur de la soirée (pour qui il jouera Maryport, présent sur Shankly Gates).
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#db9027″]M[/mks_dropcap]usicalement parlant, et pour faire simple, c’était du très haut vol.
Bon, chacune des personnes présentes le savait, Cunningham, sur disque, c’est de la dentelle, de l’orfèvrerie. Sur scène, c’est presque identique, voire mieux, parce que son orfèvrerie plonge un peu les mains dans la boue, confrontant ses arpèges, ses accords de piano au son rugueux ou à l’atmosphère fluctuante du Live.
Du coup, l’émotion se fait plus présente de par les tonalités plus vastes de sa musique, allant de la pop classique 60’s avec chœurs à l’unisson (les trois voix réunies rappellent les grandes heures des Beatles), en passant par le progressif (notamment sur We Get So), le folk ou le rock, mais également de par la réception du public, très cool même quand Cunnigham s’apprête à oublier de jouer un des morceaux présents sur la setlist (bourde qui lui sera évitée par Watsonm).
Bref, après une bonne heure un quart de concert en semi-lévitation, le groupe termina son set par trois rappels, laissant sur tous les visages présents un sourire proche de la béatitude, voire de la niaiserie, tant l’excellence des compositions et leur interprétation vous touchent direct au cœur.
En somme, nous n’étions peut-être qu’une petite cinquantaine de personnes aux Territoires Pionniers, mais même avec un décalage horaire d’une journée, nous avons tous assisté à la résurrection de la pop sous ses plus beaux atours.
Rien que pour ça, loué soit WeWant2Wigoler et surtout J.C., bienfaiteur de la pop, d’avoir fait escale à Caen.
Crédit photos : Lau Lexicco