En octobre 2005 je m’étais laissé entrainer pour aller voir Heather Nova au Bataclan. Je m’étais laissé entraîner, non pas que je n’aime pas Heather Nova, loin de là hein. Mais en concert, j’avais un peu peur que ce soit mollasson.
De fait, en arrivant dans la salle, point de fosse…. juste des rangées de sièges. J’avoue que là j’ai eu un petit moment de flottement. Bon… du coup, se placer au niveau de la console de l’ingénieur du son pour avoir le meilleur son justement.
A peu près à l’heure du début, un type tout seul avec sa guitare s’est installé crânement au micro. J’ai toujours une acuité et une tendresse particulière pour les premières parties, pour ces types, souvent peu ou pas connus, qui s’escriment, tâchant de capter un peu l’attention d’une salle qui n’en a souvent rien à foutre.
Je me souviens d’un petit set de 4 ou 5 titres, vachement bien.
Je me souviens avoir noté dans un coin de ma tête le nom de ce gars en me disant qu’il faudrait le suivre : Joseph d’Anvers. En y repensant ce devait être un de ses tous premiers passages sur scène, les Inrocks le convierait quelques semaines plus tard à leur festival.
Je me souviens le lendemain avoir cherché des infos sur le net, et ne pas en avoir trouvé des tonnes. Mais je me souviens avoir trouvé son mail et lui avoir envoyé un petit mot et qu’il m’avait répondu.
Je me souviens avoir coché son premier album, Les Choses en face, sur ma liste au Père Noël ou pour un anniversaire, et qu’il était arrivé via mon grand frère. Un chouette album avec un emballage carton comme j’aime, tellement plus sympa que ces trucs en plastique-toc.
Je me souviens avoir été presque déçu par un aspect : l’album manquait d’un peu de peps par rapport à ce bout de concert. Mais il avait fait son bout de chemin avec moi, et je l’écoute encore aujourd’hui avec beaucoup de plaisir.
Par la suite j’ai suivi sa carrière d’un peu plus loin. Je sais qu’il a collaboré avec Bashung, avec d’autres, qu’il a écrit au moins un livre, fait des spectacles mêlant plusieurs arts.
Jusqu’à ce nouvel album Les Matins Blancs.
J’y retrouve une proximité, un style, dans les mélodies avec l’album de la découverte. Explorant sans relâche les mêmes thèmes. La ville, l’amour, les gens.
Un habile mélange de clarté et obscurité.
La lumière de la pochette, du titre de l’album Les Matins Blancs, de certains morceaux (Surexposé, Les jours Incandescents) s’oppose à une certaine noirceur (Chaque nuit en son temps, La Nuit je t’aime quand même), une gravité, une tristesse (Regarde les hommes tomber).
Sur Les Choses en Face, Joseph baissait les yeux.
Sur son deuxième disque Les Jours Sauvages il était de profil. Puis sur le suivant – Rouge Fer – regardait l’objectif mais la tête encore un peu inclinée.
Aujourd’hui Joseph d’Anvers est face caméra, accompli, lumineux.
Joseph d’Anvers, Les Matins Blancs. Label AT(h)OME – AIM Production