[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#1d6e96″]L[/mks_dropcap]es masques sont tombés. Les prix sont décernés. Un peu partout des auteurs émus sont célébrés. À nous maintenant, lecteurs de bonne volonté, d’engloutir les milliers de pages récompensées. À moins que…
Il était une fois un papillon endormi…
Qu’on se le dise, la rentrée littéraire est un mur impossible à gravir. N’y pensez même pas… Alors, plutôt que de grimper dessus, d’enfourner les listes des prix littéraires, de vous lamenter devant une PAL interminable, mieux vaut parfois jeter un œil curieux entre les pierres de l’édifice. Dans les interstices se fichent de temps en temps de minuscules émeraudes, lumineuses et inaperçues.
Loin des bandeaux rouges chatoyants qui font cligner les yeux, un livre bleu pastel semble attendre son heure. Patiemment. Humblement. Dans son rayon écrasant, il ne paye pas de mine. Il se serre un peu ; n’ose faire un bruit. Papillon endormi. Essayez de l’attraper avant qu’il ne prenne son envol. Ça y est : vous l’avez. Le livre entre vos mains. Vous l’ouvrez délicatement ; comme on déploie des ailes. Oh ! Les mots s’échappent… Ne cherchez pas à les rattraper ! Suivez-les plutôt… Voilà, vous avez compris. Il ne faut rien forcer, tout accepter, et se laisser surprendre… comme il m’a surpris.
…et quelques instants volés à la magie
Peut-on définir autrement, l’indéfinissable Anglais Volant ? Ce bijou de poésie, qui mêle le réalisme magique au conte de fée burlesque, est à l’image de son personnage principal : à la fois discret et immense. So British et parfaitement universel. Il ne parle pas, mais révèle tout. Il transporte le monde entier, et s’élève comme une plume. Il passe sans mot dire, et tout le monde comprend. Il nous regarde à peine, et déjà nos vies changent.
Chez Benoît Reiss, il y a du Terry Gilliam et du Colette. Du John Cleese et du Joueur de Flûte. Du René Char et du Lewis Caroll. Cet Anglais Volant est un long poème improbable qui, allez comprendre, a su me toucher. Me ravir même. Moi le cartésien rabat-joie. Le chercheur de sens. Je me suis fait happer par la simplicité et par la profondeur. Par la douce magie qu’un auteur parvient, quelquefois, à insuffler dans son récit, dans sa prose, et au bout du chemin, dans nos vies. La littérature a ses raisons…
L’Anglais Volant de Benoît Reiss
chez Quidam Éditeur – Septembre 2017