[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]R[/mks_dropcap]ares sont les poètes qui parlent avec limpidité de leur domaine, l’éclairant d’un regard nouveau. Il y a peu, on parlait de Assommons les poètes de Sophie G. Lucas mais c’était toute autre chose. Avec ce recueil de textes, Stéphane Bouquet donne une définition à la fois pertinente et personnelle de ce qu’est la poésie. La cité de paroles analyse avec finesses la poésie à travers différents exemples d’écritures. L’auteur y aborde la poésie sous l’angle du politique mais aussi par son effet sensuel voire météorologique. C’est un livre qui dévoile l’art de la poésie avec érudition et sensibilité. Il apporte une définition qui ne cessera d’évoluer ou d’être différente d’un poète à l’autre.
Parmi les textes regroupés, Stéphane Bouquet y parle donc de politique, de sensualité ou de météo à travers des auteurs comme Malherbe, Constantin Cavafis, de poètes américains (William Carlos Williams, James Schuyler, Gertrude Stein, E. E. Cummings, Charles Reznikoff, Ted Berrigan, Paul Blackburn, Robert Creeley), de Pasolini, de Giacomo Leopardi ou encore de Rilke. Dans cette palette très large, il trouve un commun, des éléments qui se tissent entre eux. Il arrive même à Stéphane Bouquet, qui exerce aussi dans le domaine du cinéma en tant que critique et scénariste, de trouver une similarité entre le cinéaste Gus Van Sant et Charles Baudelaire.
Tout semble être fait pour désamorcer l’arme que l’on confond souvent comme élément poétique. La poésie n’est pas « choses sacrées ou ésotériques » dit l’auteur en quatrième de couverture. Ce qu’a tissé Stéphane Bouquet dans cet ensemble permet de comprendre la poésie en tant que langage alimentant la conversation du monde. Le poète conclut son livre avec ces mots :
« Si la poésie doit construire un monde commun, comme il est possible après tout que ce soit son grand projet, elle n’a pas d’autre objectif alors que de trouver (au sens de trobar, au sens d’inventer) le rythme allègre d’une parole qui soit suffisamment anodine pour bâtir un espace où nous tous, nous puissions nous tenir et nous retenir, familièrement. »
Cela semble tout dire de la vision que Stéphane Bouquet porte sur la poésie. Avec une douceur qui invite au sensuel et à la bienveillance, il la partage dans une langue délicate. On aime à suivre son cheminement que l’on soit en accord ou non. La cité de paroles est comme une invitation sereine à considérer le regard porté sur la poésie.