[dropcap]O[/dropcap]n ne sait pas trop comment attaquer cette Nuit de la graisse. La solution est sans doute d’avoir la bouche bien ouverte, prête à ingurgiter ces textes délirants. Mais ce serait être inconscient comme tout lecteur qui se respecte. La graisse risquerait d’inonder notre imaginaire. À travers ces poèmes, Aldo Qureshi exagère un monde qui nous semble familier. Il est trop facile d’affubler le terme d’absurde ou de non-sens au style du poète. La description du quotidien qu’il y fait résonne étrangement en nous. Il y a du sens dans ces textes. Ils sont comme des sonneries d’alarmes, rendant effrayant ce qui nous semble d’habitude normal. En lisant La nuit de la graisse, nous nous amusons de notre peur.
« Parfois il y en a un qui tombe.
Ça s’empale en dessous sur les tiges.
Le soir le vent ulule dans les tubes. » La nuit de la graisse, Aldo Qureshi
Dans ces poèmes, Aldo Qureshi veut retranscrire un dégoût. Cette avalanche de chairs, de graisses, de corps modifiés et de technologies stupides n’est pas éloignée de notre quotidien. Comme il le dit dans un des poèmes où il parle d’un nuage personnel : « Je suis avec lui comme les toxicos du progrès quand on leur dit qu’on ne va pas pouvoir poser la 5G parce que ça tue les rouges gorges et qu’il va falloir arrêter avec les objets connectés, […] » (p100). Ce nuage personne, c’est comme ce qu’offre l’écriture : un espace où le langage se joue des normes et de notre soi-disant liberté. « Qui pourrait bien vouloir d’une garantie par des formulaires ? » écrit-il à la page 83.
La poésie d’Aldo Qureshi, qui a publié 3 ouvrages avant celui-ci, semble bien solide. Nous entrons dans La nuit de la graisse comme on rentre dans un cauchemar. Nous avons beau avoir peur, nous y sommes à notre aise face à cette distorsion du réel. Nous pouvons comprendre les choses différemment sans crainte d’être dans l’excès. Si la littérature ne peut pas être excessive, alors rien n’est raisonnable. Aldo Qureshi semble l’avoir bien compris.
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La nuit de la graisse
d’Aldo Qureshi
Paru à L’atelier de l’agneau éditeur
le 3 novembre 2019
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Photo à la une : rkarkowski // pixabay // 2016