Depuis quelques mois maintenant, le producteur français Bertrand Lacombe s’est lancé dans une bien curieuse aventure : à la suite d’une manipulation hasardeuse d’une de ses machines dont le rendu sonore lui évoquait irrésistiblement la phonétique du nom de François Fillon, un déclic semble lui avoir fait entrevoir la lumière à travers un concept aussi casse-gueule que potentiellement fédérateur.
Sous son alias Dombrance et en marge du duo DBFC qu’il forme avec son complice David Shaw, le bonhomme se met en tête d’utiliser certaines figures emblématiques du monde de la politique française et de composer pour chacun(e) un titre qui, sans nécessairement leur servir la soupe par un hommage appuyé, transcenderait leur image publique sous une forme qui serait à la fois inattendue, colorée et festive.
Avec l’apport visuel du graphiste Olivier Laude, Bertand Lacombe nous propose une réalité parallèle dans laquelle ces stars de l’isoloir seraient croquées sous des traits fantasmés par une bienveillance farceuse : après la publication en novembre dernier de Raffarin, un premier single qui voyait l’ancien Premier Ministre de Jacques Chirac se trémousser en marcel et lunettes noires (en référence au boucher turc Salt Bae, récente sensation virale du web) sur une plage nu disco hédoniste et hypnotique, suivie d’une prestation scénique qui a dynamité les dernières Transmusicales de Rennes, le nouveau titre de ce projet gentiment loufoque mais véritablement réjouissant nous présente l’ex-ministre de la Justice Christiane Taubira sous un angle plus ouvertement pop et mélancolique.
Monté sur une basse ronde et un motif de clavier entêtant, le roboratif Taubira s’avère plus posé et contemplatif que son prédécesseur, tout en érigeant un monument de groove ouaté mais implacable en guise de tribut à une personnalité complexe mais iconique, conspuée par certains pour ses prises de position courageuses, mais également érigée en héroïne des temps modernes par d’autres, pour sa farouche défense d’un humanisme transversal.
À l’image des nombreuses sorties lettrées et poétiques de son sujet, ce nouveau single de Dombrance dépeint, avec empathie et générosité, cette figure cruciale de la politique nationale contemporaine comme une forme de conscience éclairée et limpide, s’élevant au-dessus de la confusion générée par une actualité mortifère.
On ne peut que souhaiter que les visions plaisamment hallucinées de Bertrand Lacombe se déploient bientôt sur la longueur d’un album entier, et que l’on instaure dans la foulée une loi obligeant les bureaux de votes à le diffuser en boucle les jours de scrutin, histoire de fixer une boule à facettes au plafond de notre inconscient collectif blafard, pour qui l’appel irrésistible du dancefloor tiendrait lieu de programme électoral indiscutable.

Dombrance sera en concert ce samedi 16 mars à Luchon (Festival Garosnow), le samedi 23 mars à Amiens (La Lune des Pirates) et le vendredi 29 mars 2019 à Toulouse (Le Connexion Live).
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