[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]’Espagne est en crise, une crise grave, le chômage, les entreprises qui délocalisent, les salaires non payés.
À Madrid a lieu une série de meurtres. Trois bijoutiers sont assassinés. Le meurtrier laisse sur eux un message les accusant de gagner de l’or sur les dos des gens subissant la crise.
Un jeune inspecteur est chargé de l’enquête. Alarde est perspicace et surtout volontaire. Personnage attachant, parfois lyrique dans ses réflexions :
Ces familles dont l’ombre s’allonge, ces passés qui ne passent pas…
Alarde est le centre du roman.
Policier philosophe, épris de justice et homme en colère, sorte de Robin des Bois espagnol, il se veut le défenseur des opprimés.
Ses interrogatoires avec les suspects sont un régal de lecture. Un savant mélange d’attaque, de flatteries et de manipulations.
Il y a des vérités dérangeantes, mademoiselle Dominguez, même pour les autruches. Mais il ne me semble pas que vous soyez de ceux qui ont pour habitude de faire l’autruche. L’agneau peut-être, mais pas l’autruche.
Juana Salabert nous offre un roman noir, certes, mais pas tant dans le sens du roman policier.
Il s’agit plus d’un roman social, mettant en scène une Espagne prise à la gorge, où certains sont prêts à tout pour gagner encore plus, quand les petits, eux, payent la crise et se contentent de peu.
D’un roman familial sur les secrets entre un père assassiné, dont on découvre les magouilles, des enfants éplorés, au moins pour l’un d’entre eux.
Salabert propose des passages poignants, parfois violents. Qui était véritablement ce bijoutier ? Qu’a-t-il fait de sa vie ? Pourquoi ses trois enfants sont-ils si divisés entre eux ? Qui mène la danse ?
Alarde ira de surprises en surprises. Jusqu’à la révélation finale.
La règle de l’or est un formidable roman noir, un roman de la crise européenne aussi. La fine analyse de Salabert nous emporte, et sa grande réussite est d’arriver à intégrer une histoire familiale sombre à une intrigue portant sur l’ensemble de la société espagnole.
La règle de l’or de Juana Salabert, traduit de l’espagnol par Myriam Chirousse, éditions Métailié, mai 2017