Comme tous les ans à la même époque, qu’il est bon de prendre la direction de St Malo pour s’en mettre plein les oreilles et les mirettes à la Route du Rock.
Cette 28e édition du plus petit des grands festivals a été marquée cette année par la présence de nombreux artistes français,et a largement tenu ses promesses avec un début en fanfare.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]A[/mks_dropcap]vant de prendre ses aises dans le Fort de St Père, nous avons ainsi pris l’habitude de faire un tour par La Nouvelle Vague pour une mise en bouche tout à fait savoureuse, aux sons de Marlon Williams, Ezra Furman et The KVB.
C’est en effet au jeune crooner néo-zélandais, belle voix, belle gueule, d’ouvrir le bal accompagné de ses 3 impeccables acolytes pour un set qui fera la part belle aux morceaux de l’excellent Make Way For Love, à commencer par un splendide Come To Me à l’entame du concert. Le bassiste prendra ainsi lieu et place d’Aldous Harding, l’ex girlfriend de Marlon, pour un magnifique Nobody Gets What They Want Anymore.
Marlon Williams aussi ténébreux que souriant décline ses belles et tristes histoires d’amour avec classe et une belle présence scénique, qu’il pousse très haut sur une fin de set remarquable, entre reprise habitée du Portrait Of A Man de Screamin Jay Hawkins et Make Way For Love.
À l’inverse de mes petits camarades présents ce soir-là, j’ai un peu plus de mal à m’enthousiasmer pour le concert d’Ezra Furman, petite robe, collier de perles accompagné de son groupe tout de blanc vêtu. Un peu brouillon, un poil chaotique, le début du set me laisse quelque peu perplexe, même si l’énergie d’Ezra fait plaisir à voir et à entendre. Le concert monte gentiment en puissance et finit par me dérider lors d’une jolie reprise du Tonight, Tonight des Smashing Pumpkins et un magnifique Suck The Blood From My Blood.
Place à The KVB, alias les beaux et jeunes Klaus Von Barrel et Kat Day, sorte de Moon Duo avec moins de poils mais tout autant d’intensité, à quelques encablures de la sortie de leur nouvel album Only Now Forever, dont ils nous offrent quelques extraits dont l’excellent Above Us.
Les morceaux s’enchaînent, puissants et mélodiques, entre rock psychédélique et shoegaze. Ils font mouche immédiatement. On a même droit à une reprise diabolique du Sympathy For The Devil des Stones pour clôturer cette fort réussie première soirée.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]e vendredi commence par un tour à la plage pour assister à la jolie prestation de Chevalrex entouré de 3 musiciens dont le grand Mocke à la guitare. Vautré dans un magnifique transat, on redécouvre la beauté de son dernier album Anti Slogan, dont le splendide Claire, premier frisson de cette journée qui n’en manquera pas.
On file ensuite vite fait récupérer la navette, pour se précipiter au Fort. On arrive tout juste pour découvrir les sympathiques Villejuif Underground et leur grand fou australien au chant, cascadeur à ses heures (une enceinte n’y résistera pas).
La suite est très haut niveau avec The Limiñanas et un show impeccable comme à leur habitude. Anton Newcombe vient poser sa voix sur un noir Islanbul Is Sleepy. Le groupe enchaîne le Mother Sky de Can avec le Gloria des Them. Pas de doute, le rock’n’roll est perpignanais ce soir.
Difficile de passer après, surtout quand ce sont les fines et alambiquées mélodies de Grizzly Bear qui s’annoncent. Pour certains, c’est chiant, pour d’autres, dont je fais partie, c’est beau, surtout lors des Two Weeks ou Sun In Your Eyes aériens. Le groupe réussit parfaitement à sublimer des compositions pas vraiment taillées pour un tel contexte, et nous livre un splendide moment.
Forcément, l’enchaînement est brutal avec la prise d’assaut de Shame, les sales gosses anglais de service pour une heure de furie et de décibels. Charlie Steen est une superbe bête de scène et met le feu dès les premières mesures de Dust On Trial. C’est tout Song Of Praise ou presque qui y passe, démontrant derrière la furie que ces garnements ont quelques chansons fort bien foutues de Concrete à Gold Hole. On en sort fourbu, en sueur et quelque peu affamé, ce qui nous fait rater le début du concert d’Étienne Daho.
Je dois bien l’avouer, je ne connais que peu l’œuvre du Monsieur. Je suis donc agréablement surpris, par un concert dont je n’attendais rien. Daho, malin et sincèrement très heureux d’être là privilégie bien sûr ses tubes (Week-end à Rome, Tombé Pour La France, Bleu Comme Toi) qu’une foule nombreuse se fait plaisir de reprendre en chœur. Une superbe reprise d’Ultra Orange, You’re Like The Summertime finit par vaincre mon scepticisme initial, Étienne Daho est un grand bonhomme fort bien entouré d’ailleurs.
La suite de cette première soirée prend des couleurs psychédéliques pour trois concerts qui nous promettent de nous emmener très haut dans le ciel malouin. La première salve est décevante, non pas que le concert de The Black Angels soit mauvais mais on les a déjà vus bien meilleurs. Là, il manque une petite étincelle, pour nous faire décoller malgré de splendides visuels en fond de scène.
Il en est tout autre pour les deux suivants… Tout d’abord, c’est le retour d’Anton Newcombe avec son Brian Jonestown Massacre, pour un concert net et précis, mené de main de maître par le bonhomme et sa clique dont l’extraordinaire Joel Gion et son tambourin magique, un spectacle à lui tout seul.
On touche vraiment le firmament avec les chiliens de Follakzoid et leurs longs, très longs morceaux, hypnotisants et intenses, quitte à nous perdre en route.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]e samedi débute sur la plage de Bonsecours avec les douces mélopées de l’espagnol, Marc Melia, parfaites pour une reprise en douceur.
Cut Worms ouvre la journée au Fort par une prestation un poil terne, de jolies mélodies country mais pas de quoi me faire frémir de plaisir. Non, ce privilège reviendra à l’immense Josh T. Pearson pour sa troisième prestation à La Route Du Rock, en autant d’albums.
C’est d’ailleurs son tout dernier bébé, The Straight Hits qui a l’honneur de démarrer le concert, Straight To The Top et Give It To Me straight, en tête, pour quelques morceaux survoltés. Avec un tout nouveau look improbable (une sorte de crête blanche du meilleur effet…) Josh semble très heureux d’être là et a envie de faire bouger un public un poil trop sage à son goût.
Néanmoins, le concert prend une autre dimension lorsqu’il ralentit le tempo et se lance dans ses sad bastard songs, comme il les appelle lui-même. Des frissons me parcourent l’échine, emporté par cette fabuleuse voix et cette présence magnétique de ce très, très marrant et grand Josh T. Pearson. Le clou du spectacle est un A Love Song (Set Me Straight), moment magique, le plus beau de tout ce week-end.
Changement d’ambiance avec le néo-zélandais Jonathan Bree, remplaçant de dernière minute de John Maus, avec dans ses bagages son récent et excellent nouvel album Sleepwalking. Entouré de 2 musiciens et de 2 danseuses portant le même genre de masque que notre drôle de bonhomme, la mise en scène est surprenante, les chorégraphies improbables. Au final, elles font passer en arrière-plan la musique, ce qui pour un concert, est bien dommage, d’autant plus que celle-ci est principalement due à l’utilisation de bandes. Néanmoins, l’univers de Jonathan Bree se dévoile peu à peu et finit par nous charmer sur 3, 4 morceaux finaux très réussis.
La grande Patti Smith prend la suite, timidement, un peu gauchement, un Dancing Barefoot qu’elle a du reprendre à deux fois, avant de se laisser aller, emportée par un public tout acquis à sa cause.
Une reprise de Midnight Oil (Beds Are Burning), Because The Night, Gloria, People Have The Power, le public est aux anges, entre jeunes gamins découvrant cette drôle de dame et sa coiffure de sorcière et vieux fans transis, pour un contraste fort réjouissant.
Ariel Pink, excellent, plus calme qu’à l’accoutumée, limite sobre, privilégie cette fois ses drôles de chansons plutôt que ses pitreries habituelles. La transition avec Patti Smith puis Nils Frahm et son modern classical démontre dans tous les cas, que les programmateurs de La Route Du Rock osent prendre des risques et nous emmènent encore d’un univers à l’autre.
Il fallait oser en effet passer la musique planante et savante de l’allemand à minuit un samedi soir. Quelques uns n’y résistèrent pas et ratèrent un superbe moment, tant Nils Frahm nous embarque rapidement dans un drôle de trip, entre silences et secousses hypnotiques. Le contraste est d’ailleurs saisissant entre la douceur et la délicatesse de sa musique et la performance physique qui l’accompagne, Nils sautant d’un bout à l’autre de la scène pour ici quelques notes de piano, là, quelques triturages de boutons. Superbe !
Fourbu, on décide d’en rester là pour cette nuit, quelques minutes d’Ellen Allien nous convainquant rapidement de prendre la route de… notre lit !
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]P[/mks_dropcap]our le dimanche, j’aipresque envie de ne parler que du concert de Protomartyr, tant celui-ci m’a procuré la plus forte émotion de cette édition. Le concert est d’une rare intensité, encore meilleur que celui de 2004. Joe Casey, lunettes noires, costume discret, une clope ou un verre à la main, emporte tout de sa voix puissante et habitée, alors que ses 3 jeunes comparses assurent comme des bêtes, fabuleux Greg Ahee, Scott Davidson et Alex Leonard, génial batteur.
Le groupe de Detroit fait la part belle bien sûr à leur dernier album, Relatives In Descent, A Private Understanding ou My Children merveilleusement interprétés entre autres. Quelques retours vers leurs disques précédents nous rappelle que Protomartyr commence à avoir une sacrée carrière et qu’il est parfait depuis le début, une version explosive de Jumbo’s pour finir de me convaincre.
J’avoue même verser une petite larme, complètement extatique, sur leur Devil In His Youth. Cette petite heure en leur compagnie est belle, forte et intense. Inoubliable !
Même si Protomartyr me fait à lui seul mon dimanche, on connait d’autres chouettes moments, à commencer par le très enthousiasmant set de Forever Pavot sur la plage ou la prestation très carrée et assez bluffante de Phoenix pour un gros show fort bien réussi, même si c’est loin d’être ma came quotidienne.
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Le concert de Charlotte Gainsbourg est lui aussi un joli moment, parfois émouvant (l’enchaînement Kate – Charlotte Forever) très maîtrisé, on aurait juste aimé un peu plus de folie.
Superorganism est sympathique mais anecdotique. On est beaucoup plus emballé par The Lemon Twigs. Les frères D’Addario, 20 balais à peine, semblent tout droit sortis d’un épisode de Starsky & Hutch avec leur look improbable et ont du dévorer la discographie complète de leurs grands parents tant leur musique plonge dans les 60’s-70’s, Big Star en tête. Ça semble partir dans le n’importe quoi et pourtant le groupe retombe toujours sur ses pattes, les 2 frères se renvoient la balle avec brio, les mélodies sont finement ciselées, les voix accrochent. Certes, ils n’ont rien inventé mais on a hâte de s’écouter leur nouvel album, Go To School, dont ils présentent plusieurs titres.
Voilà, La Route Du Rock 2018 est finie, on a oublié quelques concerts en route, faut bien manger et boire quand même, Protomartyr en a fait une édition inoubliable, mais même sans eux, c’est une belle réussite, malgré un public un peu clairsemé le dernier jour.
Vivement l’été prochain, on sait déjà où on sera !
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