[mks_dropcap style= »letter » size= »70″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#295c8c »]F[/mks_dropcap]idèle parmi les fidèles, Addict-Culture a repris La Route du Rock pour une superbe 29ème édition estivale. On zappera le sempiternel point météo, on se félicitera d’une très correcte fréquentation portée par les 2 monstres Tame Impala et Metronomy et on prend déjà date pour fêter les 30 ans du plus formidable festival de France !
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Comme il est de coutume depuis quelques années, c’est à la salle de La Nouvelle Vague que tout commence, avec une première soirée féminine et américaine.
C’est tout d’abord la délicieuse Anna St. Louis qui vient nous jouer quelque chanson simplement accompagnée de sa guitare et de sa douce voix. Découverte via l’entremise de Kevin Morby, elle nous donna de très jolies versions de quelques titres issus de son tout dernier disque If Only There Was A River. Ses folk songs se nimbent parfois d’une certaine tension fort appréciable et permettent de commencer les festivités de fort agréable manière.
La Nouvelle Vague est pleine à craquer et commence sérieusement à s’échauffer avec l’arrivée de Big Thief, qui nous donnera la première très grosse claque du festival. Déjà excellentes sur disques, les chansons du quatuor new-yorkais prennent une nouvelle dimension supérieure sur scène, portée par la classe d’Adrianne Lenker et Buck Meek qui auront tous les 2 leur morceau solo, en ouverture pour Adrianne, en plein milieu du set pour Buck (jolie version de Pareidolia).
Sur scène, on dirait un troupe d’étudiants en bermuda tout droit sortis d’un horror teen-movie, car la coolitude apparente se fait très souvent malmenée par d’impressionnantes poussées d’énergie. On n’oubliera pas de sitôt les cris d’Adrianne sur Contact ou la guitare en folie de Buck sur Not, le tout nouveau single du groupe. Cerise sur le gâteau, à côté de nombreux morceaux issus du génial U.F.O.F., un superbe From en particulier, Big Thief nous dévoile quelques titres de leur prochain disque, Two Hands à paraître en octobre chez 4 AD.
En découvrant Shoulders, Not ou le merveilleux final Forgotten Eyes, on ne serait pas étonné de les voir squatter deux fois les bilans de cette fin d’année.
Grand groupe, génial concert !
C’est à la grande Sharon Van Etten, toute de noir et paillettes vêtue, que revenait le privilège de boucler cette première soirée. Ce fut fait avec brio et une joie communicative dans une Nouvelle Vague en ébullition. Le concert démarre feu au plancher avec les morceaux les plus directs de Remind Me Tomorrow, à savoir Jupiter 4, Comeback Kid ou bien encore Noone’s Easy To Love.
Son tout dernier disque, du magnifique Seventeen au final Stay, fournit bien sûr l’essentiel du concert, qui verra Sharon prendre quelques fois une guitare ou des claviers pour accompagner ses musiciens tout à son service. On aurait peut-être aimé quelques moments de folie ou la voir plus souvent piocher dans ses albums précédents, comme Tramp, qui ne nous offrit qu’un magnifique All I Can pour nous contenter.
Le concert fut néanmoins un très bon moment, Sharon Van Etten tout aussi heureuse d’être là qu’un public largement conquis.
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Il est temps de nous rendre au Fort de St Père, la gastronomie malouine et un sens de l’organisation perfectible nous faisant lamentablement rater le concert d’Aja sur la plage. C’est donc les australiens de Pond qui ouvrent le bal, nous donnant un avant-goût de pop psychédélique à la Tame Impala, la grosse affiche du jour.
Le concert est agréable, bien foutu, mais ne m’embarque pas plus que ça, sans doute déjà impatient de goûter la fine fleur du label le plus hot du moment, Partisan Records.
En effet, avant Pottery le samedi, nous avons le droit coup sur coup à Fontaines D.C. et IDLES (les deux d’ailleurs se réunissant pour la fin du concert de ces derniers et un Rottweiler démentiel !).
La prestation de Fontaines D.C. oscille entre satisfaction et légère déception. Dogrel est un très grand premier album et ses chansons sont clairement taillées pour la scène, de Big à Boys In A Better Land en passant par Hurricane Laughter. Les jeunes irlandais nous en donnent des versions très propres, un poil trop sages. Grian Chatten a une vraie présence, ses petits camarades ne sont pas en reste, mais on aurait aimé un peu plus de folie, même si le concert reste au final un très bon moment, parfait lancement pour la tornade IDLES qui va suivre.
Je m’étais déjà pris une grosse claque lors de leur passage en 2017, ce fut encore meilleur, le groupe ayant encore gagné en intensité et pouvant bénéficier du génial Joy As An Act Of Resistance pour tout balayer sur leur passage. Joe Talbot a une présence impressionnante, soutenu par une bande de doux dingues déchainés sur scène, et encore sur scène c’est vite dit, Mark Bowen et Lee Kiernan passant plus de temps à se jeter dans la foule et continuer à maltraiter leurs 6-cordes au milieu d’une foule extatique et en sueur.
Discours anti-Brexit, anti-fasciste, IDLES est une phénoménale pile d’énergie, déclenchant les plus beau des pogos à coup d‘I’m Scum, Danny Denelko ou d’un fabuleux enchaînement Television/Samaritans.
Forcément, après un tel déferlement, il a fallu quelques minutes pour s’en remettre, alors que c’était au tour des très attendus Stereolab de s’emparer de la scène des remparts.
Chaque Route du Rock nous offre le retour d’une de nos idoles de nos lointaines 90’s, c’est donc Tim Gane, Lætitia Sadier, Andy Wamsay, Xavier Muñoz Guimera et Joseph Watson qui replongèrent quelques vieux, aussi impatients que fébriles comme moi dans nos vertes années.
Quelques problèmes de son, le besoin de récupérer, je ne saurais dire, mais j’eus du mal à m’enthousiasmer sur les premiers morceaux, malgré French Disko ou Miss Modular, pourtant parmi mes titres préférés du groupe. Il me faudra un superbe Metronomic Underground pour vraiment m’éclater, le groupe lui-même semblant peu à peu se lâcher, finira sur une prestation bien plus convaincante en enchaînant parfaitement un magnifique Percolator-Crest avant de boucler l’affaire avec Lo Boob Oscillator volcanique.
Je pris ensuite un peu de recul pour le concert du groupe le plus attendu de la foule nombreuse présente ce soir-là, à savoir Tame Impala. J’avoue avoir perdu un peu de vue la bande à Kevin Parker depuis un Currents qui me laissa circonspect sur leur évolution. Le set, vu de loin, confirma mes impressions, tu en prends aujourd’hui bien plus dans les yeux que dans les oreilles, le light show est splendide, les confettis volent au vent, on se croirait dans un grand stade.
Musicalement, c’est très carré, Mind Mischief ou Why Won’t You Make Up Your Mind? restent de grandes chansons, mais je ne fus pas plus emballé que ça, bien au contraire de leurs nombreux fans, ce qui est bien là le principal.
J’attendais avec impatience la prestation des très jeunes Black Midi et je ne fus pas déçu, malgré quelques problèmes techniques, une guitare récalcitrante, une batterie qui partait en sucette. Il faut dire que le groupe maltraite avec allégresse leurs instruments pour nous offrir 2/3 de Schlagenheim, de 953 à l’intense Ducter en conclusion d’un concert radical et ébouriffant.
Morgan Simpson est bien un batteur extraordinaire, ses petits camarades se partagent le micro à tour de rôle et trouvent le juste équilibre entre expérimentation et ras de marée sonique. Bluffant !
On pensait s’arrêter là, tant on en avait pris plein les oreilles, mais il fallait croire que cette première soirée ne pouvait qu’aller crescendo tant la prestation de Jon Hopkins fut splendide, tout seul derrière ses platines, parfois accompagné de deux danseuses mélange de majorettes et de Star Wars, nous offrant là un des plus beaux sets électro jamais vus dans la cité malouine !
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Beaucoup mieux organisé, je prends le temps nécessaire de me rendre sur la plage pour aller voir LeSuperHomard sur la plage venu présenter quelques titres de l’excellent Meadow Lane Park, avant de sauter dans la navette pour filer au port et ne pas rater la venue d’Andy Shauf et ses camarades de Foxwarren.
Casquettes vissées sur la tête, folk songs mélancoliques, le groupe canadien avait tous les ingrédients pour passer inaperçu en un tel lieu, alors que nombreux profitaient encore de la plage ou se remettaient des abus de la veille. Ce fut pourtant un superbe moment, tout de douceur et de délicatesse que nous offrit Foxwarren qui n’oublie pas de glisser quelques rythmes krautrock pour mieux nous enchanter, à l’instar d’un Everything Apart, une des plus belles chansons de ces dernières années.
C’est autour du boulimique Tim Presley, son joli rouge à lèvres et sa drôle de coupe de cheveux, de prendre la suite avec son groupe White Fence. Il s’ensuivit un concert fort sympathique qui nous ramena quelque part entre Syd Barrett et le Velvet. Tim Presley semble très heureux d’être là, décline les meilleurs titres de son album I Have to Feed Larry’s Hawk et quitte rapidement la scène, ayant semble-t-il oublié le timing serré de la soirée !
Il était temps en effet de se prendre un gros coup de chaleur avec la géniale prestation d’Altin Gün, cet incroyable groupe turco-néerlandais, créé par Jasper Verulst et porté par les voix de Merve Dasdemir et Erdinc Yildiz Ecevit.
Ce fut un enchantement tout du long, le groupe semblant lui-même surpris du retour d’une foule aussi enthousiaste que colorée (les fameux cirés !), chacun s’essayant avec plus ou moins de bonheur à danser aussi bien qu’Erdinc ! Le groupe mit une superbe ambiance et emporta un succès fort mérité en alignant les perles issus d’On et Gece, leurs deux premiers albums.
Ils mirent le public dans les meilleurs conditions pour accueillir comme il se doit Hot Chip. Tout de blancs vêtus, comme des laborantins en goguette, les londoniens assurèrent le coup, enchaînant leurs tubes à vitesse grand V (Over And Over, One Life Stand) et quelques titres d’A Bath Full Of Ecstasy sorti en juin dernier chez Domino Records.
Une reprise bien torchée du Sabotage des Beastie Boys et un réjouissant I Feel Better vinrent conclure un chouette concert. Il était néanmoins temps de faire le grand écart et de se prendre dans les dents les survoltés Crows, preuve que La Route Du Rock sait toujours mélanger les genres avec audace et brio.
J’avoue qu’après deux titres bien bourrins, et au vue des gesticulations du chanteur James Cox, mon envie fut forte de fuir et de préférer la Kro à Crows mais, professionnel jusqu’au bout, je résistais et rentrais peu à peu dans un concert plus intéressant dès lors que le groupe calme un tant soit peu le jeu. Il est à noter que le groupe est accompagné d’un placide et superbe chien en carton-pâte, qui eut l’honneur de finir en première ligne un set extrême, le chien ayant donc les crows et inversement…
Nouveau changement de style avec le DJ set de 2 Many Dj’s, remplaçant au pied levé ou presque Beirut, qui nous fit danser au son des Stooges, New Order et autres Technotronic, avec un clin d’œil au concert précédent, puisque nous eûmes droit aux Beastie Boys (Girls) et Hot Chip sur une prestation qui manqua peut-être un peu de folie mais réussit à faire danser la plupart pendant que d’autres aller goûter les spécialités locales.
Je finis cette soirée aux sons mutants de Crack Cloud, la tribu canadienne qui balance entre post-punk et no wave, énergique et éclectique jusqu’à un Swish Swash impeccable et ensorcelant.
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La toulousaine Laure Briard ouvre parfaitement cette dernière journée sur la plage avec ses petites comptines bossa-nova et sa jolie pop psychédélique, puis retour au fort pour le concert d’Hand Habits.
Hand Habits, c’est Meg Duffy, ici accompagnée de 2 musiciens, elle nous rappelle avoir déjà joué ici en compagnie de Kevin Morby et décline quelques titres issus de son dernier album, Placeholder. Je mets quelques minutes avant de me prêter au jeu mais suis rapidement bluffé par son talent de guitariste et prend un plaisir certain dès lors que le trio ajoute quelques tensions à ses folks songs dépouillées.
Pour cette dernière soirée, je n’attendais qu’eux et je fus comblé. Deerhunter enleva le morceau pour un des meilleurs concerts qui me fut donné de voir de la part d’un Bradford Cox en grande forme, souriant, allant même à enfiler un ciré jaune pour soutenir un public déjà bien mouillé !
Le groupe avait, semble-t-il, décidé de se faire plaisir et délaissa quelque peu Why Hasn’t Everything Already Disappeared? en ne jouant que Death In Midsummer pour se concentrer sur des titres plus anciens, leur génial Halcyon Digest en tête, puisque nous eûmes droit à de magnifiques versions de Desire Lines ou Helicopter avant de conclure par un très grand He Would Have Laughed sur laquelle Lockett Pundt, alias Lotus Plaza, fit des merveilles avec sa guitare.
Clou de la soirée, voire même du festival, le concert se termina avec un Brad Cox et un public aux anges !
J’aurais pu en rester là mais bien m’en a pris de me glisser vers la scène des Remparts pour faire connaissance avec Pottery. Ma délicieuse et pointue camarade Ninie Peaudchien nous avait en ces lieux alerté sur la qualité de ce jeune groupe canadien, ce fut une éclatante découverte pour ma part tant ces gamins ont réussi à m’emballer avec leur post-punk teinté de garage rock à la Parquet Courts. Ils sont jeunes, ils sont doués et réussissent là le concert un peu fou qu’on aurait espéré du côté de Fontaines D.C.. Pottery gagne largement le prix de la révélation de cette Route Du Rock !
Il n’y a pas que la musique dans la vie, il est donc temps de se sustenter, de remplir son gobelet désespérément vide et de papoter avec quelques amis remarquables. On zappe donc allègrement le concert des Growlers, dont on n’attendait rien ou pas grand chose, n’ayant jamais succombé aux charmes californiens.
Il était temps de ranger les guitares ou presque et de conclure cette superbe 29ème édition avec de l’électro sous toutes ses facettes, à commencer par la grosse, très grosse tête d’affiche de la soirée en la personne de Metronomy, tout de blanc vêtu venu nous faire danser sur leurs immenses tubes que sont The Look, The Bay ou Love Letters ainsi que sur quelques morceaux à venir, à l’occasion de la sortie du très attendu Metronomy Forever prévue le 13 septembre.
L’ambiance fut dingue tout le long du concert, Metronomy réussit selon moi le plus gros carton de ces 4 jours et me fit très plaisir en bouclant leur set par le vieux et impeccable Could Easily Have Me, concluant ainsi avec un gros brin de folie un concert très propre et parfaitement exécuté.
S’ensuivirent David August et sa douce ambient house puis Oktober Lieber, le duo composé de Charlotte Boissellier et Marion Camy-Palou pour un set électro-indus sombre et violent, parfaite conclusion d’un festival toujours aussi exigeant et sans concession !
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