Sec, tendu, âpre sont les premiers mots qui me viennent à propos du Festin des fauves, le nouveau livre de Dominique Maisons.
Des personnages bien campés qui se mêlent, parfois s’entremêlent, se battent, se détestent et tentent de survivre.
Le début du roman file à 100 à l’heure. Un énarque meurt de façon atroce et mystérieuse dans une fête privée. La visite d’un épave échouée par un homme désespéré par la vie et aidé de quelques amis. Une mauvaise rencontre sous l’eau, une sorte de trésor trouvé, une fuite encore plus vite.
Puis le roman prend un tour que je n’attends pas. Je pensais que ce pauvre pêcheur, Erwann, était le centre.
Lucy arrive ou Maîtresse Lucy car elle vit en comblant les désirs d’hommes aimant la domination.
Lucy est aussi une femme brisée dont nous apprendrons peu à peu l’histoire et les raisons de sa haine envers les hommes.
Au milieu de tout ce beau monde, trois brésiliens tatoués et extrêmement violents de mèche avec un richissime homme d’affaires, un révolutionnaire menaçant qui se fait appeler Judex et les plus grands flics de France, les ministres, la politique.
Les chapitres s’enchaînent habilement autour de ces personnages. On passe de Lucie, aux actes de Judex et de ses complices, à l’enquête des policiers et aux hommes d’affaires corrompus qui tentent d’échapper à la nouvelle loi imposée par Judex.
Dominique Maisons ne lâche pas son lecteur. Nous sommes pris dans un tourbillon d’action. Le suspens est sans cesse présent, à chaque partie.
Bien sûr le trait est parfois surligné et l’empathie de l’auteur pour ce révolutionnaire justicier transpire. Le fait que Maisons donne à Judex un « alibi » culturel va dans ce sens. Cela ne gène pas la lecture, au contraire.
La société décrite comme celle des riches au dessus des lois, celles des pauvres qui se débattent et subissent et enfin la police prise entre l’envie de faire la justice et le devoir d’obéir aux hautes sphères, ministres compris, semble assez juste.
Judex, le justicier, ne s’en prend qu’à des hommes horribles, ayant fait le mal toute leur vie mais protégés par leur fortune.
Après le très beau Ah! ça ira de Denis Lachaud, Le festin des fauves est le deuxième livre français de la rentrée littéraire faisant allusion à une possible révolution.
Est-ce une tendance ?
Outre ce côté révolutionnaire, le livre de Dominique Maisons est un très bon polar que je vous recommande !
Le festin des fauves de Dominique Maisons, éditions de la Martinière, 5 novembre 2015