[mks_dropcap style= »letter » size= »83″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C’[/mks_dropcap]est toujours un plaisir non dissimulé de découvrir une nouvelle maison d’édition, de se plonger dans un nouvel univers éditoriale qu’elle se propose de nous donner à lire par le biais de ses livres.
Mais force est de constater la situation actuelle, des maisons d’éditions qui publient du policier il y en a pléthore, parfois pas du meilleur goût (ça c’est une autre histoire) difficile donc de se faire sa propre place. Les premiers échos de la naissance des éditions Agullo laissaient présager l’arrivée de bonnes surprises, il y a peu encore des teasings sur les réseaux sociaux attisaient notre curiosité, un sigle énigmatique un A renversé comme un œil ouvert sur le monde nous faisait saliver d’envie d’en savoir plus. Et enfin les voila ! Trois romans parus le même jour ont lancé les prémices de l’aventure des éditions Agullo. Il est certain qu’après la lecture des trois ouvrages on peut imaginer un avenir prometteur pour cette toute jeune maison. Nous évoquerons uniquement dans cet article la lecture de Le fleuve des brumes de Valerio Varesi.
De facture classique, ce roman ouvre les hostilités avec un personnage dont nous allons apprendre à faire connaissance, le commissaire Soneri. Dans cette enquête tout commence par une péniche qui dérive sur le fleuve Pô. Il fait un temps de chien, il pleut abondamment, tellement que l’illustre fleuve risque d’inonder la région, la brume s’est levée, on y voit goutte. L’embarcation traverse le fleuve et passe entre les jambes des ponts mais on n’arrive pas à distinguer si quelqu’un se trouve dans la cabine de pilotage avant de la voir s’engouffrer dans un épais brouillard. Au bout du compte, la péniche finit par s’échouer sur la rive mais le propriétaire est au abonné absent, il est introuvable, volatilisé. Au même moment quelques kilomètres plus loin, un homme est retrouvé défenestré, les circonstances font que l’on pense à un suicide. Or un doute s’installe car la victime n’est autre que le frère du propriétaire du bateau. Et si tout était lié ?
Dans les balbutiements de l’enquête notre commissaire Soreni cherche un lien qui peine à se dessiner. Tandis que le flot du fleuve commence à se tarir légèrement éloignant la crainte d’une crue dévastatrice, notre héros va découvrir des vieilles histoires assoupies qui vont rejaillir en secouant un peu les âmes au caractère taiseux de la région. Nous allons apprendre très vite que nos deux victimes avaient des accointances avec un passé nébuleux fasciste et que les deux frangins avaient revêtus la chemise noire.
Soreni est un personnage qui gravite dans la région au gré de son instinct suivi de près par une copine avocate qui lui propose de la retrouver dans des endroits improbables pour s’envoyer en l’air, perturbant quelque peu ses pérégrinations de son enquête ajouté à cela qu’il aime également les plaisirs de la table, il ne dit pas non à un bon plat accompagné d’un excellent vin car notre est un fin connaisseur épicurien.
Il règne une atmosphère de chape de plomb. On sent qu’il s’est passé quelque chose d’inimaginable et que personne ici n’a oublié mais il est impensable de s’épancher sur le sujet. Une vengeance froide qui sommeillait a enfin frappé.
Difficile de lâcher ce roman qui vous agrippe, vous piège dans les mailles de son filet. Les amoureux des policiers littéraires et peu sanguinolents seront apprécier ce délicieux roman policier impeccable, sans fausse note !
Le fleuve des brumes de Valerio Varesi éd. Agullo, traduit de l’italien par Sarah Amrani.