Allemagne, 1933
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]M[/mks_dropcap]ax Schulz grandit avec son voisin et ami Itzig, le fils du coiffeur juif Chaim Finkelstein. Les deux garçons sont nés à deux minutes et vingt-deux secondes d’intervalle dans le même village de Silésie. Des quasi-jumeaux que tout oppose de manière paradoxale. Max l’«aryen pure souche » a tout de l’archétype que l’on colle aux Juifs à l’époque : les cheveux noirs, le nez crochu et les lèvres épaisses au contraire d’Itzig le juif qui ressemble au pur fantasme de la propagande hitlérienne avec ses cheveux blonds et ses yeux bleus. Max est un enfant bâtard, battu, violé et humilié, Itzig a quant à lui une vie plutôt équilibrée et surtout bien réglée. Aussi Max nourrit-il une forme de jalousie envers son ami et l’imite : il apprend ainsi les traditions juives et l’hébreu pour être un peu, beaucoup, celui qu’il n’est pas de par ses origines.
Devenu jeune homme, fasciné par un discours du Führer, Max Schulz, décide de s’enrôler dans les SA et les SS. Durant la deuxième guerre mondiale, il se retrouve même responsable d’un camp de concentration en Pologne. Là bas, il retrouve et tue Itzig ainsi que toute sa famille.
Recherché, après la guerre, comme criminel de guerre, il endosse par opportunisme l’identité de son ami Itzig. Sans que nul ne s’aperçoive de la supercherie, Max Schulz devient un sioniste prosélyte, traversant l’Europe à pied pour rejoindre la Palestine, où il commence à enseigner les textes sacrés. Plus Juif que lui, tu meurs.
Le Nazi et le Barbier, publié en 1971, est l’œuvre d’Edgar Hinselrath. Cette farce picaresque où le grotesque se mêle à l’horreur est le premier roman sur l’Holocauste écrit du point de vue du bourreau . « Écrire des choses grotesques, c’est ma façon de rire de la mort. Je veux qu’elle vous reste dans la gorge ! » affirmait ainsi l’écrivain , il y a quelques années, dans une entrevue accordée au journal Le Figaro.
Avignon, 2012
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]e comédien David Nathanson rencontre au détour du roman d’Hinselrath, Max Schulz et décide, assis dans un train de retour vers Paris, de le mettre en voix. Il adapte alors le roman en pièce de théâtre avec pour seul acteur lui-même. Il sera Max Schulz, Itzig et tous les autres. Il confie la mise en scène à sa complice Tatiana Werner avec laquelle il a déjà travaillé précédemment.
Durant plus d’une heure, le comédien porte à bout de bras et sans temps mort le roman d’Hinselrath et fait vivre chacun des personnages avec brio. Son corps se fait parcimonieux quand il est Itzig mais exulte, explose, inonde la scène lorsqu’il est Max. La gémellité ambiguë entre les deux garçons prend tout son sens en s’incarnant dans un seul et même acteur, nous poussant même à nous demander si Itzig et les autres ne seraient pas au fond le fruit de l’imagination d’un Max Schulz profondément schizophrène. Question ouverte à laquelle la pièce ne donne pas de réponse.
Le décor est sommaire : un fauteuil de barbier surplombé d’un néon, un portant avec quelques vêtements. Toute notre attention est ainsi focalisée sur les horreurs que le monstre profondément humain qu’est Max Schulz nous raconte. On oscille en permanence entre rires et effroi à l’écouter nous conter ses aventures, celles d’un lâche opportuniste qui suit les tendances du monde comme l’on s’habille selon un bulletin météo.
La musique et la lumière jouent le rôle d’un véritable catalyseur à l’image de ce que pouvait être le chœur dans le théâtre antique. Les éclairages ténus deviennent violents en accord avec la fureur ou l’horreur du personnage de Max. La musique amplifie ou se fait l’écho de ce qui se joue sur scène : une bande son qui réunit la voix vociférante d’Hitler, des airs de musique yiddish ou bien encore des titres de John Zorn ou Silver Mt Zion.
Paris, 1er décembre 2017 – 28 janvier 2018
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]M[/mks_dropcap]ax Schulz et David Nathanson reviennent secouer notre bien-pensance cet hiver dans la capitale pour une trentaine de représentations au Théâtre de la Manufacture des Abbesses. La pièce Le Nazi et le Barbier fait partie de ces pièces rares qui vous rappellent que le rire permet d’aborder le pire. Il ne s’agirait donc aucunement de louper une de ces dates car elles sont annoncés comme probablement les dernières. À vos tablettes !
Bonne nouvelle : Comme on n’est jamais trop gâté durant les fêtes de fin d’année, Addict-Culture vous fait gagner 10 x 2 places pour la première (le 1er décembre) du spectacle décoiffant Le Nazi et le Barbier. Pour ce faire répondez à la question suivante :
Dans quel théâtre parisien la pièce Le Nazi et le Barbier est-elle jouée cet hiver ?
Les places ont été gagnées ! Bravo à vous !
Le Nazi et le Barbier
du 1er décembre 2017 au 28 janvier 2018 au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
Page Facebook – Site du théâtre de la Manufacture des Abbesses