La 40éme édition du Festival du Cinéma Américain de Deauville fut l’occasion rêvée de découvrir Le Port de l’angoisse d’Howard Hawks, d’après le roman d’Ernest Hemingway. C’est également le moment de découvrir ou de redécouvrir certains de ces films comme Scarface, Les hommes préfèrent les blondes, Rio Bravo, l’Impossible Monsieur Bébé. Et tant d’autres.
Toute l’histoire a lieu à Fort-de-France (Martinique) dans les années 40. On commence le film dans la brume, embarqué sur un bateau Le Queen Conch et qui appartient à un certain Harry Morgan (Humphrey Bogart). Il transporte de riches touristes américains pour des parties de pêches en haute mer. Son co-équipier est un ivrogne sympathique qui oublie la plupart des choses mais il est fidèle à Harry. Il est drôle et finalement ce personnage tient une grande place tout au long de l’intrigue.
Ce film se déroule dans un contexte politique particulier. C’est le début de la guerre. La France est alors sous l’autorité du régime de Vichy et Fort-de-France paraît, malgré tout, un peu moins exposé. Pourtant, des résistants au gouvernement de Vichy ralliés à De Gaulle sont présents sur l’île et le spectateur ressent la tension perpétuelle entre les anti-vichystes et les forces de l’ordre. Harry loge dans un hôtel, où va également se retrouver Marie (Lauren Bacall) échouée, faute de n’avoir pas assez de moyens pour continuer son voyage. Elle a le visage dur, fermé, elle sourit peu et pourtant attire le regard. Slim, surnom qui sera donné à Marie par Harry, a un vrai pouvoir de séduction et sait en user. C’est non seulement une séductrice provocatrice mais c’est également une comédienne de talent. Ils vont se retrouver, malgré eux, liés, dans une affaire qui va les entraîner dans un tourbillon. Un jeu dangereux !
Le lieu central du film est l’hôtel où la séduction flirte avec la tension politique et les complots. Notre ami, l’ivrogne, nous embarque dans ses histoires abracadabrantes, tandis que Marie nous transporte soudain de sa voix légèrement rauque dans un chant sublime. Ce chant How Little We Know nous envoûte tout comme Harry, qui est sous le charme. Une autre femme va avoir un rôle à jouer dans le tumulte amoureux. Hélène De Bursac qui est incarnée par la sublime et captivante Dolores Moran, qui n’a alors que 18 ans. Harry Morgan devra faire face aux pouvoirs de séduction de ces deux jeunes femmes. Harry n’est pas homme à s’attacher. Pourtant, ce vieux loup de mer blasé est déjà amoureux sans vraiment se l’avouer.
Lauren Bacall qui fait sa première apparition à l’écran, ne laissera personne indifférent. Elle est insolente et mystérieuse, sa voix et son regard vont devenir légendaires.
On retiendra de ce film probablement moins l’histoire, le scénario parfois confus que le véritable coup de foudre qui va se jouer à l’écran. La caméra sera irrésistiblement attirée par cette tension amoureuse. Howard Hawks ne va pas nous entraîner dans une folle intrigue mais, va par contre, offrir au spectateur des scènes sensuelles, notamment celle où le regard de Slim va nous ensorceler, adossée à la porte de la chambre d’Harry.
Alors quand on revoit Le Port de l’angoisse, n’a t’on pas envie d’allumer une cigarette ?