[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#1855a5″]J[/mks_dropcap]e continue à lire comme on se nourrit. Pour un repas plus stimulant, j’ai pris dans ma bibliothèque un livre de Jorge Luis Borges. Mais je n’avais pas très bien prévu mon coup car celui que je me suis mis à lire est sans doute le moins dense. Il s’agit du recueil Le rapport de Brodie qui réunit de très courtes nouvelles. Il n’y a pas de labyrinthe, de miroirs ou autres délires métaphysiques que l’on peut retrouver dans les premiers recueils de l’écrivain argentin. Il a été écrit dans les années 70. Borges était alors devenu quasiment aveugle et n’écrivait lui-même que de courts poèmes. Le rapport de Brodie est sans doute un imaginaire au mode mineur mais il révèle une facette de l’auteur moins connue.
J’ai tenté, je ne sais avec quel succès, d’écrire mes contes de la façon la plus simple. Je n’ose affirmer s’ils le sont.
Il n’y a pas sur terre une seule page, un seul mot qui le soit étant donné que tous postulent l’univers dont l’attribut le plus notoire est la complexité. Jorge Luis Borges
Dans les nouvelles de ce recueil, on trouve tout le goût de l’Argentine et de l’Amérique du sud. Il y a aussi celui des mauvais garçons, de la littérature plus généralement et cette fascinante manière de nous conter des histoires. Composé de 11 courtes nouvelles, Borges s’y révèle minimaliste et plus du tout enclin à nous tourmenter dans des labyrinthes. C’est une veine plus sociale qui s’en dégage ou plus réaliste. Réaliste n’est pas le bon terme car, à deux reprises, des hommes se transforment dans leur bagarre en armes. José Luis Borges parle de l’être sud-américain comme on peut parler de dieux grecs. Ce territoire est placé au centre du monde, là où auraient pu avoir lieu des odyssées homériques.
Les personnages de ce recueil traversent le temps. Borges dit dans la postface « […] pour moi, écrire une histoire tient plus de la découverte que de l’invention délibérée ». Ainsi, le poète aveugle dévoile des temps figés ou plutôt éternels. Dans la nouvelle intitulée La vieille dame, celle-ci est la mémoire de tout un pays mais lorsqu’elle est honorée à ce titre, elle meurt. La mémoire saisie dans ces contes est fragile, tenant sur des pages que l’on peut oublier. Jorge Luis Borges s’en fait le maitre en toute fausse modestie.
Même si son art est ici plus minimaliste, c’est sans doute une des portes d’accès les plus faciles pour y entrer. Si j’avais commencé plus jeune à découvrir Borges par Le rapport de Brodie, je n’aurais pas soupçonné mon étonnement à la lecture de ses autres livres. Mais j’aurais eu le gout pour son œuvre, comme une pincée de sucre sur la langue pour ensuite découvrir le poivre et le sel.
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Le rapport de Brodie de Jorge Luis Borges
traduit par Françoise Rosset revisé par Jean-Pierre Bernès
Folio, 15 aout 2019 (nouvelle édition)
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Image bandeau : Nikki Vargas / Pixabay