[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]B[/mks_dropcap]oum ! Entre deux livres, en attendant la révélation, je me suis décidé à attaquer le deuxième roman de Michael Farris Smith. Il y a parfois des livres qu’on commence sans enthousiasme. À raison ou pas. Pourtant les mots de James Lee Burke auraient dû m’avertir:
« De temps à autre apparaît un auteur amoureux de son art, du langage écrit et des grands mystères qui résident de l’autre côté du monde physique. »
Et donc, oui, BOUM ! Nulle part sur la terre est un uppercut en plein visage.
Michael Farris Smith nous donne à lire les pérégrinations de plusieurs personnages, en quête de rédemption, d’amour ou de sécurité.
D’autres présents dans le roman ne pensent qu’à la vengeance, la destruction de l’autre.
En exergue une citation de William Faulkner : « Le passé ne meurt jamais. »
Effectivement, Russell ne peut se libérer de son passé. À l’image de Daniel Holden, dans la série Rectify et à l’inverse de celle-ci car l’on sait très vite que Russell a commis une faute grave, l’entraînant dans une peine de prison de onze ans.
Quand le récit débute, il vient d’être libéré et rentre dans la petite ville où il est né et où son père vit toujours. Dans un motel près de cette même petite ville, Maben fuit. Avec sa fille Annalee. Avec seulement quelques dollars en poche, elles fuient le passé mais aussi un avenir noir. Dès les premières pages, une rencontre avec un policier va faire sombrer Maben dans une impasse.
Des silences, de la violence et de l’amour que l’on peut ressentir à travers le peu de mots qu’échangent Russell et son père par exemple. Une retenue, une économie de sentiments.
Un roman noir mais pas seulement.
Un roman d’espoir ou de désespoir, une oeuvre où chacun des personnages se débat avec ou contre ses propres démons.
Bien sûr, on sent rapidement, via le découpage en chapitre suivant l’un puis l’autre, que ces personnages vont finir par se croiser. Cela ne gâche pas le plaisir de la lecture selon moi. D’autant que Michael Farris Smith ne donne pas dans l’eau de rose mais plutôt dans l’humain qu’il soit déviant ou pas, qu’il ait commis des erreurs, qu’il soit en recherche de rédemption ou de vengeance ou, comme l’indique le titre original, qu’il marche sur une route pleine de désespoir.
Nulle part sur la terre de Michael Farris Smith
traduit de l’anglais (États-Unis) par Pierre Demarty, Éditions Sonatine, août 2017