[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]J[/mks_dropcap]e vous avoue qu’après avoir fini Citoyens clandestins, j’ai pensé un moment avoir besoin d’une lecture plus… simple. Et finalement non, j’ai plongé dans Le serpent aux mille coupures.
Toujours dans la série noire, DOA propose de quitter les magouilles de nos dirigeants, les préparations de terroriste pour gagner la campagne française.
Un coin perdu, propice au racisme ordinaire et désespérant.
Omar Petit est noir. Il rachète une ferme destinée aux gars du coin. Deux crimes déjà pour lui. En plus, il a osé épouser une blanche et lui faire une petite fille.
La vie de cette famille n’est pas simple. Les paysans ne les acceptent pas et pire, s’acharnent sur eux pour les faire quitter la région. Insultes, graffitis racistes, récoltes dévastées.
Omar Petit résiste avec l’aide de sa femme et de sa fille.
Roman campagnard pour DOA ?
Non. Des italiens, des colombiens ont rendez-vous en ce lieu perdu. La police n’y passe que rarement. Coin idéal pour une rencontre, un deal dans le but de faire pont entre l’Europe et l’Amérique du Sud.
Au milieu de tout ce beau monde, un motard (toujours appelé ainsi) blessé fait son apparition. Nous le connaissons ? Nous pouvons croire que non. Si vous avez lu Citoyens clandestins, soyez attentifs ! DOA se joue de vous. Au détour d’un mot, un seul, d’un instant, il nous révèle qui est ce motard. Encore faut-il que nous soyons à l’affût. Personnellement, tomber sur ce mot, en saisir le sens, m’a complètement retourné. Je vous épargne les mots qui sont sortis de ma bouche, tant la stupeur fût grande. Le plaisir aussi.
Un carnage a lieu. Suivi d’autres. La tension monte. Les soupçons pèsent sur tous. Les vengeances arrivent. Certaines sont à la limite du supportable. DOA ne fait dans la demie mesure quant il décrit une scène de torture.
Pour la première fois, un policier apparaît presque sympathique : Valéry Massé du Réaux. Qui sait bien que tout est voué à l’échec, qu’il ne pourra rien faire pour améliorer les choses mais qui essaye quand même.
Il ne faut pas vous dévoiler ici les liens qui vont unir tous ces personnages. Encore une fois DOA nous en propose plusieurs. Comment vont-ils se croiser, se rencontrer? Sur quoi va déboucher ces rencontres?
Encore un livre qui se lit d’une traite, qui propose une lecture de la France rurale et raciste ainsi qu’un point de vue sur la mondialisation.
Et puis, il y a la patte de DOA, qui encore une fois, surprend.
Elle demande de l’attention. Toujours. Mais à la fin, les surprises récompensent le lecteur et ouvrent des perspectives sur la suite de l’œuvre.
Le serpent aux mille coupures, DOA, Gallimard, Série noire, mars 2009
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