Nul besoin d’action pour éprouver un plaisir de lecture. Ça tombe bien, dans L’Enfant et la rivière (Xavier Coste, Sarbacane), il n’y en a pas ou peu. Comme ça au moins vous êtes prévenu.e. Restent la magie des couleurs de Provence et le mystère de la rivière pour nous séduire. Tout autant que l’amitié naissante entre le jeune Pascalet et le bohémien Gatzo, empreinte d’onirisme.
Avec L’Enfant et la rivière, Xavier Coste, illustrateur pour la presse et l’édition, réalise sa deuxième bande-dessinée après Egon Schiele, vivre et mourir, paru en 2012 chez Casterman. Pour sa première collaboration avec les éditions Sarbacane, il adapte un roman de Henri Bosco, qui raconte la fascination exercée sur un jeune garçon par la rivière qui coule à quelques pas de chez lui et dont sa famille lui interdit l’accès.
Profitant un jour de l’absence de ses parents et de la liberté que lui laisse sa tante Martine, Pascalet ira néanmoins braver les trous morts où l’on se noie, les serpents parmi les roseaux et les bohémiens sur les rives. Il fera même la rencontre de Gatzo, un autre jeune garçon avec lequel il s’enfuie pour échapper à ceux qui le recherchent.
Parcours initiatique, portrait de la nature, aventure onirique, L’Enfant et la rivière est tout cela à la fois. Si le roman date de l’après seconde guerre mondiale, la BD s’avère résolument moderne. Les traits des visages, les tenues vestimentaires, le traitement graphique sont ancrés dans une réalité contemporaine.
Parfois sur plusieurs pages, l’absence de dialogue – comme quand les deux jeunes nagent dans la rivière ou observent les alentours du haut d’un arbre – laisse place à la contemplation et à la rêverie. La rencontre avec une fille extraordinaire qui, toute de blanc vêtue, hante pendant la nuit la chapelle Notre-Dame-des-Eaux-Dormantes, participe à la construction de cet univers hors du temps. Un ours à qui Gatzo sait parler, un braconnier taciturne et mystérieux, ainsi qu’un cirque ambulant emmené par un vieil homme, complètent le tableau de cette BD habitée.
Laissez-vous porter par les courants de cette rivière à qui le roman graphique de Xavier Coste donne une nouvelle couleur. Vous y puiserez peut-être des souvenirs de votre propre enfance, qu’elle ait été comblée ou non par une soif d’aventures.
L’enfant et la rivière de Xavier Coste
Editions Sarbacane, avril 2018