[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]I[/mks_dropcap]l est des coïncidences qui troublent longtemps. Se plonger dans un thriller qui traite de terrorisme, quelques jours après les événements du 13/11, laisse un goût amer dans la bouche, notamment dans certaines descriptions. Pourtant, passer à coté de ce bijou, serait dommage.
On les appelle les Brillants. Depuis 30 ans, une partie de la population naît spontanément avec certains pouvoirs hors du commun. Certains peuvent manipuler la bourse et mener des pays entier à la faillite, d’autres lisent et interprètent les données du monde entier ; certains sont quasi transparents aux yeux des autres. Parmi eux, quelques uns sont de « niveau 1 » avec des capacités hors normes.
Au départ peu nombreuses, ces personnes sont de plus en présentes dans la société et aujourd’hui, le monde doit assimiler ces êtres à part et non plus les rejeter.
Le gouvernement met alors en place des outils pour surveiller cette population qui l’effraie. Afin de les recenser, chaque enfant est contrôlé lors de ses 8 ans par le gouvernement.
Les « Services Équitables » ont été crées dans le but de surveiller cette population susceptible de représenter un danger pour l’état.
C’est dans ce contexte trouble que le drame se produit. Un Brillant, fin stratège, du nom de John Smith perpètre un massacre froid et méthodique dans un célèbre restaurant, le tout devant les cameras de surveillance, preuve irréfutable.
Depuis les « Services Équitables » ont des ressources illimitées pour traquer les anormaux dangereux, notamment via un service spécial, le DAR, en charge de les traquer et les éliminer. L’histoire suit Nick Cooper, Brillant lui-même, doté de la capacité à lire le langage corporel des individus qu’il rencontre. Il est « extincteur de réverbère », il élimine les siens lorsqu’ils sont signalés dangereux.
L’histoire commence peu après le drame du restaurant, on suit Cooper à la poursuite d’un Brillant, en voie de commettre un attentat, lors de l’ouverture de la nouvelle bourse. Jusqu’ici agent sans pitié, persuadé d’être le gentil qui se consacre à sauver son pays, ses certitudes commencent peu à peu à basculer. Il découvre les académies mises en place depuis quelques années par le gouvernement pour juguler les brillants, les obligeant à se couper de leur parents et de leurs proches, jusqu’à oublier leur propre prénom. La différence avec un camp d’internement n’est pas loin.
De plus, Cooper doit faire face à la révélation des pouvoirs précoces de sa fille de 4 ans, visiblement Brillante de niveau 1. Pour lui, il est hors de question que sa fille rejoigne les académies destructrice de personnalités.
Suite à l’échec de sa dernière mission et à l’explosion de la nouvelle bourse et en accord avec le tout puissant chef des SE, Cooper bascule dans la clandestinité, après avoir endossé la responsabilité de l’attentat, dans le but d’infiltrer le camp de John Smith. Il sera désormais recherché par ses anciens collègues et toutes les polices du monde.
Néanmoins sa traque va prendre un tour inattendu au gré des rencontres et l’amener a revoir ses certitudes et ses préjugés. Lentement mais sûrement, il va se poser la question de savoir s’il a choisi le bon camp.
Premier tome d’une trilogie, Les Brillants est un formidable thriller complotiste. Brillamment écrit et parsemé de rapports et affiches sur le monde qui évolue tel qu’il est représenté dans le livre, c’est également allégorie sur la différence, et le rapport aux autres. Un livre sur le pouvoir, la guerre et ceux qui s’enrichissent dessus.
A la croisée des genres, entre SF et thriller, un peu comme chez Ayerdhal, Les Brillants se lâche difficilement.
Les Brillants, Marcus Sakey, Gallimard/Série noire, 2015