[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]S[/mks_dropcap]elva Almada, pour son deuxième roman, nous offre une histoire terrible et très personnelle, une histoire de femme qui touche au cœur. Dans les années 80, Selva, enfant, entend parler de trois crimes de jeunes filles. Trois crimes qui restent impunis.
Ces meurtres restent dans sa mémoire et trente ans plus tard, Selva se lance dans une enquête, pour comprendre et rendre hommage, plus que pour trouver une vérité de toute façon enterrée par le temps et des enquêtes bâclées.
Les jeunes mortes étaient des jeunes filles pauvres, prostituées parfois, dominées par les hommes, vivants dans une société patriarcale.
Selva Almada enquête donc, se rend sur place, parle aux protagonistes, aux parents, aux gens soupçonnés de ces meurtres.
Dans des passages très durs et émouvants, elle fait également parler les mortes. Elle décrit froidement le calvaire subi par ces femmes.
C’est un livre coup de poing qui résonne fort en Argentine où la violence faite aux femmes est toujours d’actualité (1808 victimes depuis 2008).
C’est un livre puissant dont on ressort vaincu et harassé, terrifié presque.
C’est un livre, également, d’une grande sensibilité où chaque phrase laisse transparaître le désarroi de l’auteur et à travers lui, le désarroi de toutes ces femmes qui subissent la loi et la force des hommes.
C’est enfin un livre de révolte, une oeuvre qui appelle à la révolte et qui réclame la victoire des femmes.
Les jeunes mortes de Selva Almada traduit de l’espagnol (Argentine) par Laura Alcoba, éditions Métailié, octobre 2015