Toutes les semaines jusqu’au 18 juillet, retrouvez une sélection hebdomadaire de conseils de lecture pour vous accompagner cet été.
Le choix de Gringo Pimento
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Un auteur né au Bangladesh qui écrit sur l’Irak et Bagdad, le tout édité chez Agullo, dans la collection Fiction, voilà qui a suscité mon attention rapidement.
Mais ne vous y trompez pas, si vous embarquez dans ce roman, vous serez pris, d’emblée et vous ne pourrez le lâcher. Ce livre, c’est un dynamite, un champ de bataille où l’on tire pour tuer tout en tremblant et en rigolant en même temps, en se fichant de son destin, de sa future mort, la désespérance de ceux qui n’ont plus rien.
Un trésor à trouver, une évasion à réussir, un secret du fond des âges que certains veulent s’approprier tandis que d’autres cherchent à le défendre : choisissez votre camp.
Bagdad donc, en 2004. Les Américains sont là, ils transforment la ville en un champ de ruines tout en faisant des affaires. Kinza et Dagr ont tout perdu et tentent de s’échapper.
Kinza l’intrépide et Dagr le peureux qui suit mais à reculons.
Saad Z. Hossain nous offre une histoire au début classique avant de se laisser aller à un délire mêlant la vie éternelle à la guerre. On rit, on pleure, on a peur et on souffre devant certaines descriptions des hommes en torturant d’autres pour une information.
On ressort éreinté de Bagdad, la grande évasion, éreinté mais heureux, pensant « Qui d’autre qu’Agullo aurait pu se proposer de traduire un texte pareil et de le publier ? ».
À noter que Saad Z. Hossain revient à la rentrée avec un nouveau roman : Djinn city. Autant vous dire qu’on a hâte et qu’on ne manquera de vous parler de ce texte très vite.
Bagdad, la grande évasion de Saad Z. Hossain – traduit de l’anglais (Bangladesh) par Jean-François Le Ruyet
Paru chez Agullo, avril 2017
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Le choix de Marion
Après Tobie Lolness et Vango, Timothée de Fombelle revient pour un nouveau roman d’aventure envoûtant !
“Chez les Oko, le mot « alma » signifie « libre ». Mais ce genre de liberté́ n’existe dans aucune autre langue. C’est un mot rare, une liberté́ imprenable, une liberté́ qui remplit l’être pour toujours.”
1786. Alma vit avec sa famille, isolée dans sa vallée d’Afrique éloignée de tout. Lorsque son petit frère Lam disparaît, attiré par ce monde inconnu dont on l’a toujours protégé, elle doit partir à sa recherche. Elle va alors découvrir l’horreur de l’esclavagisme, elle qui appartient à un peuple aux mystérieux pouvoirs très recherchés par les négriers …
De l’autre côté du monde, Joseph, un jeune mousse, se glisse silencieusement à bord de la douce Amélie, un navire de traite. Son but ? Mettre la main sur un immense trésor …
Vont-ils parvenir à échapper aux horreurs de cette époque, et à gagner leur propre liberté ?
Timothée de Fombelle s’empare ici d’une des pages les plus sombres de notre Histoire et l’adapte pour les adolescents sans l’édulcorer. Sa plume nous entraîne sur les navires d’esclaves, et nous en fait ressentir tout l’effroi. Mais à cette réalité historique très proche de la vérité, il parvient à allier une fiction fantastique haletante, emportant son lecteur vers des aventures passionnantes et des contrées lointaines. Les intrigues s’entremêlent et on s’attache énormément à ces personnages aux destins si incroyables …
Un roman d’aventure idéal pour l’été, ode au voyage et à la liberté, premier tome d’une trilogie dont on attend la suite avec impatience !
Alma – le vent se lève de Timothée de Fombelle
Editions Gallimard jeunesse, juin 2020
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Le choix de Barriga
[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]D[/mks_dropcap]ans ce roman drôle et loufoque, Pierre Terzian brosse le portrait d’un écrivain français expatrié au Québec pour se consacrer à l’écriture. Les finances étant ce qu’elles sont, notre auteur se retrouve dans l’obligation de devoir travailler pour payer ses factures.
Voilà donc notre héros atterrir dans le monde de la petite enfance de Montréal, où il effectue des piges dans plusieurs centres à la fois. Un inventaire à la Prévert de gamins hauts en couleur et à la langue bien pendue va alors égrener tout au long du récit des saillis jubilatoires et poétiques, des traits d’esprits désarçonnant, incarner aussi des mélanges de tempéraments inspirants et épuisants. Il se retrouve dans l’obligation de côtoyer des enfants du même horizon social, issus quasiment tous d’un milieu défavorisé, avec des caractères aux antipodes des uns des autres, des solitaires introvertis aux hyperactifs parfois proches d’une pathologie qui pousserait certains à être suivis dans des centres spécialisés.
C’est là ou le bas blesse. Montréal est criblé de dettes, l’incurie des municipalités précédentes fait qu’il n’y a plus d’argent, notamment pour entretenir la voirie fatiguée et détériorée de nids de poule, ni pour l’éducation et la prise en charge des enfants. Notre héros découvre alors le système de la débrouillardise, les ficelles de faire avec les moyens du bord. On découvre une situation exsangue où le personnel est fatigué, sous payé et en sous effectif. Il faut faire des économies et tant pis si ce sont les enfants qui en subissent les conséquences. Montréal est au carrefour d’un métissage ethnique enrichissant mais faute de moyens tout n’est pas mis en œuvre pour favoriser ce mélange, les gosses les plus pauvres se retrouvent entre eux.
La richesse de ce livre c’est la parole des enfants. C’est cette fraîcheur, cette spontanéité, cette insouciance qui nous fait rire. Ils sont capables de tenir des discours pertinents qui étonnent notre écrivain. D’ailleurs ce dernier s’attache à eux avec une candeur naturelle. Il les montre sous une lumière baignée d’admiration et de gratitude. On s’amuse beaucoup des situations coquasses que le narrateur traverse comme une sorte de Pierre Richard doux rêveur.
Ça fait longtemps qu’on s’est jamais connu de Pierre Terzian
Paru chez Quidam éditeur
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Image bandeau : Photo by Alexander Tsang on Unsplash