Livre familial et livre de découvertes, de révélations, à tel point que l’auteur s’oblige à dire avant le roman qu’il s’agit d’une oeuvre de fiction. Cela annonce du lourd.
Effectivement, on entre en plein dans l’histoire d’une famille ou, en tout cas, l’enfance de deux frères avec trois ans d’écart. Une mère étouffante, bigote, un père plus ou moins absent, dévoré par sa femme. Deux frères qui se soumettent, un temps. On pense que l’enfance et l’adolescence vont occuper une partie du livre ? Hesse joue le contre pied.
On passe directement à l’âge adulte des héros.
L’un est dans le coma suite à un accident, tombé du troisième étage d’un immeuble. Pourquoi ? Comment ? Suicide ?
L’aîné, Marcus, raconte alors les tourments de son frère, les siens, les questions arrivent, sans réponse.
Les ruptures entre Marcus et sa famille sont nombreuses, les retrouvailles. Carl devient le centre d’attention. Marcus passe au crible des questions la vie de son petit frère, sa responsabilité d’aîné est mise en cause. Il n’était pas là, n’a pas pu, voulu, aider pendant des années. Il s’est perdu, dans des relations vouées à l’échec quand Carl construisait une famille de son côté, avec trois enfants. Est-il coupable pour autant ?
Thierry Hesse évoque tout cela au fil des pages.
Malheureusement, et comme souvent dans ses livres, il finit par se perdre. Laissant trop de choses en suspend, abandonnant des pistes entrouvertes, rajoutant des épisodes dont on se dit qu’ils vont amener un nouvel éclairage puis qui finalement se terminent abruptement, laissant le lecteur démuni. L’appel à l’accident de Robert Wyatt pour éclairer celui du héros est ainsi assez étrange. Le rapport entre les deux plutôt ténu.
On sent parfois Thierry Hesse hésiter entre ses personnages. Est-ce un livre sur l’aîné Marcus, sur le cadet, Carl ? Un livre sur les deux frères et leur relation ou leur absence de relation ? Un livre sur la famille ? On finit par ne plus le savoir.
Est-ce une idée de la littérature que défend Thierry Hesse en écrivant ainsi ? Un de ses romans précédents Démon pêchait déjà par excès d’intrigues, souvent bavardes et parfois hors de propos.
Dans L’inconscience, il nous emmène dans des lieux incongrus et dans le passé de ses personnages, façon de nous les raconter et de nous les mettre en scène.
Que l’auteur veuille laisser le lecteur deviner, chercher, le fasse se perdre, pourquoi pas. Encore faut-il terminer au moins quelques intrigues. Or Hesse ne le fait que trop peu, à mon goût. Et au votre ?