Alors que, comme chaque année, les albums de Noël déferlent avec leurs lots de coups commerciaux faciles, il convient de mettre à l’honneur les livres cassant suffisamment les codes du genre pour le renouveler. L’École des loisirs en propose justement deux, très différents en public visé comme en tonalité, mais reliés par cette même envie de rappeler que Noël est avant tout une affaire de surprise, d’entraide et de joyeux imprévus.
Tout d’abord, Le Noël surprise des petites souris, de Malika Doray, est destiné aux enfants de moins de trois ans. Tout en douceur, voire presque chuchoté, cet album met en scène des petites souris qui décident de réveiller leur ami ours pour qu’il découvre enfin Noël. Lui, qui hiberne chaque année pendant les fêtes, ignore tout de cette période lumineuse. Mais cette année, il y participera. La surprise, bien sûr, ne sera pas à sens unique et les petites souris, elles-mêmes, vont être étonnées.
L’album fonctionne merveilleusement, comme souvent avec Malika Doray, puisqu’elle emploie habilement les formes simples et la répétition qui fonctionnent si bien avec les tout-petits. L’ours n’a rien d’intimidant et Noël devient une célébration de la relation plutôt qu’une avalanche de symboles. Un livre pour dire que partager, même à trois ans, c’est déjà comprendre la magie.

Par ailleurs, Le Berk Noël de Julien Béziat est un nouveau volet de la série d’albums consacrés au canard Berk. Ce livre embarque les enfants de 3 à 6 ans dans un délicieux chaos scénique. Ceux qui connaissent déjà Berk savent combien ce personnage au charisme relatif transforme chaque situation en catastrophe majuscule. Cette fois, c’est lors d’un spectacle de Noël soigneusement écrit par Trouillette que tout bascule. Le Père Noël a disparu, la pièce doit émouvoir, mais Berk multiplie les ratés et finit par provoquer l’apparition du… Berk Noël, un cousin improbable qui n’a sans doute jamais mis les pieds au pôle Nord.
Béziat maîtrise parfaitement l’art du dérapage contrôlé. Les enfants rient parce que rien ne se passe comme prévu et les adultes sourient parce qu’ils reconnaissent cette ambition foutraque propre aux spectacles scolaires. Derrière l’humour, les personnages tentent, ensemble, de sauver la situation. De l’entraide encore, mais dans un registre tonitruant, où l’imprévu devient moteur de joie.
Ce qui unit ces deux albums est peut-être là : un Noël qui s’éloigne des automatismes pour mieux valoriser la solidarité, l’amitié et la capacité des enfants à transformer la moindre embûche en aventure. Malika Doray invite au cocon, Julien Béziat au rire débordant. Deux façons de dire que Noël n’est pas qu’un décor, mais une expérience, une émotion partagée.
Deux livres, deux chemins, un même cœur de fête.




