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Jérôme Didelot d’Orwell
J’aurais aimé pouvoir axer ce billet sur une maison d’été comme celle de la chanson The Summerhouse du groupe The Divine Comedy. Le pouvoir évocateur de ce morceau parfait est si fort que parfois, en l’écoutant, j’ai eu l’impression que ce « cottage by the sea » existait réellement dans mes souvenirs. Mais, alors que le hautbois disparaissait dans le fondu final, je réalisais qu’il n’y avait nulle part dans ma mémoire de cousins éloignés que je retrouvais chaque été pour grimper aux arbres ou faire des baignades à l’aube.
Les plus attentifs auront remarqué que cette petite introduction m’a permis de contourner discrètement le sujet imposé. Si cet exercice consiste à mettre en valeur une composante de mes « racines » en l’associant à des morceaux de musique, alors je vais d’emblée me positionner en élément contrariant.
Car mon éveil à la musique, à l’aube des années 80, correspond plutôt à un besoin de m’extirper d’un environnement peu jubilatoire, celui d’une ville moyenne de l’est de la France où l’on croisait plus de militaires que de poètes. D’ailleurs, je crois que si ce cadre culturel imprégné de casernes et d’usines désaffectées avait contribué à forger mes goûts musicaux, je serais alors tombé dans le métal, voire le rock industriel expérimental.
Les premiers moments sacrés que j’ai vécus grâce à la musique se sont produits grâce à une révolution technologique : le walkman, autrement appelé baladeur. Quel outil formidable pour sublimer le quotidien ! Un voyage en bus à travers des rues pluvieuses et des boulevards déserts pouvait se transformer en épopée quasi métaphysique au son d’Alan Parsons Project.
Une cassette volée à l’une de mes grandes sœurs a bouleversé un rite pourtant peu enthousiasmant pour un pré-adolescent, le trajet vers mon école. Une allée longeant un terrain vague, une résidence et son parking, un terrain de foot municipal, une ancienne caserne (on y revient)… Voilà les étapes qui constituaient ce morne périple quotidien d’environ 10 minutes.
Un jour, j’avais placé dans le petit boîtier magique une cassette sur laquelle étaient écrits au stylo bille les mots « Bowie Stage ». Cette face débutait par un titre étourdissant d’une dizaine de minutes, Station To Station. J’appuyais sur « play » tandis que je quittais la maison en sachant que la chanson m’accompagnerait jusqu’au collège, comme si elle avait été conçue pour ce parcours. Les sons hypnotiques d’un train au départ pour lancer mes premières foulées, les arpèges métronomiques de Carlos Alomar pour trouver mon rythme de croisière et puis l’accélération au niveau su stade de foot pour la deuxième partie de la chanson. Bien loin de me douter, à 11 ans, de ce que pouvaient être les « side effects of the cocaine », je profitais de cette envolée pour monter en puissance et attaquer la dernière côte longeant la caserne tel un conquérant.
Et bien que David Bowie entonnait « It’s too late to be late again« , je n’arrivais jamais en retard à l’école…
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Merci à Jérôme Didelot de Orwell d’avoir accepté de participer à notre projet consacré à la thématique « Madeleines ».
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