[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#c24040″]E[/mks_dropcap]n 1971, Michael Walzer dispense des cours à Harvard et manifeste son hostilité contre la politique menée par les États-Unis au Vietnam. Il a alors trente-six ans. Il prend la plume et rédige un Manuel d’action politique s’apparentant à un guide à l’usage de tous ceux qui aspirent à devenir activistes, à militer, à défendre des causes qui leur sont chères. Devenu depuis un penseur politique reconnu, l’actuel professeur à Princeton voit son ouvrage republié suite à l’avènement au pouvoir de Donald Trump, président honni par les liberals et par la gauche de la gauche, incarnée par des figures comme Alexandria Ocasio-Cortez ou Bernie Sanders.
Ce « Manuel d’action politique » explique, étape par étape, comment initier un mouvement, le propulser sur le devant de la scène, en pérenniser l’activité, en consolider l’assise, en augmenter l’influence, en organiser le débat interne, en fluidifier les mécanismes de prise de décision, etc
Ce Manuel d’action politique explique, étape par étape, comment initier un mouvement, le propulser sur le devant de la scène, en pérenniser l’activité, en consolider l’assise, en augmenter l’influence, en organiser le débat interne, en fluidifier les mécanismes de prise de décision, etc. Pour ce faire, Michael Walzer met l’accent sur quelques grands principes et identifie les écueils à éviter tout en gardant à l’esprit les modalités pratiques et logistiques qu’un mouvement politique implique inévitablement.
Au sein de ces pages figurent ainsi : les stratégies de pression (sur les élus) et électorales (présenter ou soutenir ses propres candidats aux élections) ; l’importance de l’action locale ; la question de la façade d’un mouvement et de son édifice (l’organisation, le programme, les communiqués de presse, les documents officiels, etc.) ; les pièges posés par les activistes les plus radicaux ; les jeux de coalition, de sections, de particratisation (processus souvent complexe) ; la définition des enjeux politiques d’un mouvement ; la nécessité de s’approprier et de consolider une base sociale ; celle de ne pas mépriser la classe moyenne et de se rapprocher des organisations locales, syndicales ou religieuses pour convaincre par exemple les ouvriers (qui n’ont pas toujours le luxe, au même titre que les gens paupérisés, de s’occuper de causes extérieures à leur quotidien) ; la manière dont un parti établi peut phagocyter un mouvement ou se voir imposer par lui un point de programme…
Au terme de son ouvrage, Michael Walzer pose des réflexions stratégiques entrant en résonance avec la vie démocratique telle que nous la connaissons encore aujourd’hui. Il insiste sur le besoin de se former une image nationale (notamment grâce aux médias), sur l’identité et le rôle des leaders, sur les levées de fonds effectuées par des structures professionnelles ou semi-professionnelles, sur les moyens de faire vivre le débat interne d’un mouvement, sur l’utilisation des femmes à des fins de densification de la base sociale – et sur leur absence de pouvoir décisionnel –, sur la manière de mener des réunions efficaces, sur les relations interpersonnelles, sur les fautes et lacunes induites par l’inexpérience (excès de fougue, démissions, lassitude progressive, erreurs…), sur la recherche des symboles et des priorités, sur les grèves, sur les dérives sectaires, etc.
Ce petit Manuel d’action politique affiche une actualité indiscutable et un propos de nature à susciter la réflexion de tous, hommes et femmes politiques, activistes ou simples citoyens. Ce n’est déjà pas si mal.
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Manuel d’action politique de Michael Walzer
Aux éditions Premier parallèle, octobre 2019
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