La musique de Marissa Nadler est troublante. La chanteuse folk américaine originaire de Washington aura hérité de la fibre artistique maternelle pour nous peindre un tableau où le contre-jour apparaît comme la meilleure manière de ne pas se dévoiler totalement, de laisser le spectateur auditeur dans ses fantasmes les plus inavoués.
Envoûtante Marissa avec son air boudeur. Conteuse dont le chant bizarrement assez proche d’une Lana Del Rey sans strass et paillettes se confond finalement avec une version mezzo-soprano des miaulements de la grande discrète Hope Sandoval.
Les journalistes en mal de repères parleront alors d’une des principales disciples du mouvement New Weird America. Je ne parlerai que de July, nouvel opus de la belle brune sorti cette année chez Bella Union et venu me bercer une fois le tumulte évanoui. Le calme de la nuit prenant alors ses aises pour quelques minutes de douceurs tamisées.
Avec sa guitare acoustique (parfois affublée de 12 cordes) Marissa nous entraîne dans les recoins du titre 1923, là où les choses deviennent plus simples et plus sombres.
Ballades gothiques dont les thèmes s’entrechoquent pour mieux nous imprégner. Étrange sensation de redécouvrir les grands espaces décrits musicalement et récemment par le groupe Other Lives… Les violons voluptueux s’en mêlent et le voyage n’en finit plus !
La galerie des personnages fictifs s’étoffe sur les arpèges brillants de Dead City Emily. L’émotion est palpable titre après titre…
Was it a Dream pour ne plus remonter à la surface …
Desire et son emprunte vaporeuse, sans doute le déchirement le plus exquis dans ce recueil de poésies sonores.
« I had it all wrong
Was about to believe
That you had desire for me”
On est tout simplement contaminé par la grâce obscure de ces complaintes rêveuses.