[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]O[/mks_dropcap]n ne pourra pas taxer les membres de Real Estate d’oisifs. Après le succès en 2014 d’Atlas, Matt Mondanile (guitariste) avec le Ducktails nous a offert St Catherine en juillet. Ensuite Alex Bleeker (bassiste) and the Freaks ont sorti Country Agenda en octobre, c’est maintenant au tour de Martin Courtney (chant-guitare) de nous présenter son projet solo avec l’album Many Moons. Pour l’occasion, il s’est entouré de Matt Kallman aux synthés (également chez Real Estate), Julian Lynch à la guitare, et enfin Jarvis Taveniere de Woods à la basse et en tant que producteur. Many Moons a été écrit durant la dernière tournée et l’enregistrement du dernier opus de Real Estate.
En tant que chanteur et tête pensante (avec Mondanile) de Real Estate, on est tenté de se demander si ce disque arrive à se démarquer des productions du groupe principal. La réponse est assez mitigée. A la décharge de Martin Courtney, par rapport à ses acolytes, en étant frontman d’un groupe, un projet solo, y fait directement penser… Cependant, avec son talent pour tisser des mélodies, sait mettre en avant des guitares pop mid-tempo, une voix entrainante, et des arrangements avec des instruments à cordes et insère adroitement des solos de flûte (plage titre : Many Moons), comme on n’en retrouve pas chez Real Estate. Et c’est là que réside son mérite. On pourra toutefois lui reprocher son perfectionnisme qui débouche sur une production parfois un peu lisse.
Cet album nous emmène, avec ses sons folk rock des 70’s et sa psyché des 60’s, vers un après-midi cocooning d’automne consacré à la rêverie et à l’introspection où on voyage entre nostalgie (Foto, Vestiges), optimisme (Many Moons) et questionnement (Nothern Highway, Little Blue, Airport Bar). Rien ne sert de courir, on savoure cet opus sans se presser, en plusieurs fois, plusieurs fois pour laisser éclore la beauté et la subtilité des différents titres. C’est l’humeur qui se dégage de ce disque.
On y retrouve les influences des Kinks (plus particulièrement de Kinks are the Village Green Protection Society selon le propre aveu de Martin Courtney), de Nick Drake et aussi un peu de Belle & Sebastian. La patte « Woodiste » de Jarvis Taverniere s’y entend également. Toutes les influences se retrouvent illustrées par une playlist « Many Moons influences » sur Spotify.
Alors bien sûr, cet album ne va pas révolutionner le monde de la musique, et ce n’est certainement pas non plus sa prétention, mais il nous apporte une pause agréable dans l’agitation quotidienne et nous invite à prendre le temps d’écouter, à prendre le temps de la réflexion, à prendre le temps de profiter du moment présent !
Martin Courtney, Many Moons, depuis le 31 octobre chez Domino.