[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]D[/mks_dropcap]idier Daeninckx est, pour moi, le modèle d’auteur de roman noir à la française : intelligent, espiègle, cynique, optimiste et extrêmement bien documenté. Dans Mémoire Noire, recueil de cinq romans, on trouvera notamment l’excellent et marquant Meutres pour Mémoire qui retrace avec force de détails l’événement sanglant qui agita la capitale le 17 octobre 1961. Des dizaines d’algériens trouvèrent la mort. Les rues de Paris furent le décor d’une manifestation qui s’est soldée par la honte de la France.
Pour autant, nous sommes bien dans la fiction avec une enquête, des rebondissements et un flic. Heureusement pour ses lecteurs, Daeninckx a su ne pas s’aligner sur les tendances, son flic sait rester en retrait. Il est au service de l’histoire. Car c’est bien l’histoire qui marque, qui reste.
Dans un genre différent, mais tout aussi fascinant, j’ai découvert il y a peu, dans les bacs d’un bouquiniste, le titre Zapping. Il s’agit d’un recueil de nouvelles ayant toutes un lien avec le monde de la télévision : son influence, son côté fascinant et ses risques. On y retrouve le verbe acerbe de Daeninckx et son talent pour jongler entre l’histoire, la vraie, les descriptions détaillées dans lesquelles on se croirait et la vie des simples mortels.
Didier Daeninckx est un auteur engagé politiquement, qui lutte par ses écrits contre l’intolérance et l’extrémisme. Et sa façon de faire est belle : sans jugement et sans leçon de morale, simplement en décrivant la société dans ce qu’elle a de plus humain et violent.
Mémoire Noire de Didier Daeninckx – Folio Policier 2010.