On ne présente plus Jean Van Hamme (Thorgal, XIII, Largo Winch), une figure de la bande-dessinée aux 45 millions d’albums vendus ! Avec 7 autres grands talents, il publie 7 nouvelles dans Miséricorde (Dupuis). Inégal mais souvent jubilatoire.
C’est toujours un pari que de réunir autant d’auteurs contemporains au service d’histoires courtes et surprenantes. Mais la maison Dupuis et son illustrissime scénariste Van Hamme ont manifestement su convaincre une pléiade d’artistes de les accompagner dans cette aventure. Et ils ont bien fait, car la mise en scène graphique est aussi riche que bien écrite.
Chacun sait en effet que, pour embarquer son lecteur et sa lectrice dans un temps court, il ne faut pas tergiverser. De ce point de vue, Miséricorde tient la corde. Pour cela, l’album s’appuie sur 7 histoires à l’ancrage historique varié, machiavéliques ou monstrueuses, souvent mortelles, toujours implacables.
On commence ainsi par faire connaissance avec un auteur débonnaire de romans de gare, dont les personnages se veulent tous plus sadiques les uns que les autres. Mais attention, sa femme veille au grain et n’est pas aussi effacée qu’elle en l’air. Au final, dans ce récit dessiné par Aimée de Jongh (Jours de sable, Soixante Printemps en hiver), le bonhomme tombera de haut.
Il en sera de même pour le directeur général adjoint de la Chronos Incorporated, personnage aussi savoureux qu’imbu de lui-même et de son invention : une petite pilule censée arrêter le temps. Illustrée par Jose Luis Munuera, qui co-pilote par ailleurs les aventures de Spirou & Fantasio, Les bretelles (c’est le nom de cette nouvelle) se révèle être une étonnante fiction !
Le vol d’Icare et Comment avoir sa statue sur la place Joachim XIII (rien que ça), avec respectivement Ricard Efa et Emmanuel Bazin au dessin, s’avèrent plus convenus et donc moins convaincants. Plus cruel est le récit porté par Christian Durieux dans Les dents de l’amour, qui fait se rencontrer un vieux garçon bedonnant et une femme trop bien pour lui. Après avoir fait ample connaissance avec sa dulcinée, le pauvre garçon se fera avoir par cette femme à l’appétit féroce.
Quant à Adios, amigo, où les dessins de Djief nous entraînent dans une ambiance chaude et pesante, et Le piège avec Dominique Bertail à la manœuvre, ce sont là deux récits au parfum acidulé à déguster sans modération. Le premier, qui met aux prises une blonde roublarde et un journaliste en mal de sensations fortes, fait quelque peu froid dans le dos. Le second s’apparente à un conte plutôt amusant.
Bref, il y en a pour tous les goûts, pour peu que l’on aime être surpris et se laisser piéger par des histoires où la miséricorde n’a… aucune place !