L’exotisme qui émane du groupe originaire de Rostov-sur-le-Don n’est a priori pas forcément évident. Motorama nous avait convié en 2010 à un premier sommet avec Alps et déjà on ressentait dans leur musique la présence fantomatique du regretté Ian Curtis. Cette musique née en Angleterre à la fin des années 70 allait irradier toute une horde de corbeaux en mal de sensation obscure. Etant né en 1975, ce n’est qu’a posteriori et du haut de mes douze printemps que je découvrais cette scène qui alliait énergie post punk et ambiance cold wave.
En 2015 on peut alors se demander où réside encore l’intérêt d’une aspiration revival de la chose. Sans doute la peur du temps qui passe et le syndrome de Peter Pan qui m’habite à l’aube d’une nouvelle décade. Lorsque l’on est mordu par un tel virus, on se délecte autant des anciennes pépites que des desserts offerts par la nouvelle vague. La litanie des adeptes de cette « secte » commençant à devenir longue, il faut alors savoir séparer l’ivraie du bon grain. Autant vous dire qu’avec Motorama on est dans l’excellence. Sans être novateur, le groupe s’est forgé une réputation bien au-delà du Nord Caucase. Délivrance de productions artisanales fidèles à cette genèse allant de Joy Division à The Cure en passant par The Smiths. On a connu bien plus dispensable question influences !
Pour la petite anecdote, c’est mon jeune fils de 2 ans 1/2 qui me réclame encore sur la route de l’école LA chanson de Robert Smith. Il se trouve que le single en question s’intitule She is There et qu’il est bien composé par nos russes et non par l’icône de mes jours et mes nuits. Preuve que parler ici de mimétisme n’est point hasardeux.
Poverty, à ce titre, vient enfoncer le clou. La matière est brute : Batterie syncopée en mode métronome, basse venant la soutenir dans un minimalisme structurel qui rappelle nos émois adolescents. Le traitement synthétique des claviers est dans le même registre avec son allure rétro évidente.
Neuf titres courts pour un album qui, là aussi, enrichi une œuvre des plus resserrées et dont la cohésion réside dans des angles sans arrondis.
Dispersed Energy vient alors nous hypnotiser comme jadis avec ses effets répétitifs sur lesquels vient se poser le chant ténébreux de Vladislav Parshin.
Contrairement à ce que l’on pouvait supputer de ce titre et ce que l’austère pochette suggère faussement, la plupart des morceaux de l’opus se gargarisent d’un esprit sautillant. Les protégés du label français Talitres parviennent ainsi à recomposer un ensemble que leurs homologues de la même génération ont trop souvent dynamité par excès de modernisme superfétatoire.
On s’imagine alors descendre dans une des soirées « batcave »… Les convives vêtus de noir… Y retrouver les excès de mouvement alors que dehors c’est le crépuscule et pour longtemps.
Poverty sera dans les bacs dès le 26 janvier 2015.
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