Dis maman, ce ne serait pas Nick Waterhouse que tu écoutes-là ? Tu as raison, c’est son tout dernier album !! Waouh, je te le pique de suite !!!! Parce qu’en effet, un album de Nick Waterhouse est forcément reconnaissable et aussi toujours une belle surprise. The Fooler, le nouveau disque du beau californien, enregistré en Géorgie et en mono, avec le génial producteur Mark Neill en est encore un très bel exemple, sa sortie le 1er avril dernier est liée bien sûr à son titre mais en fait surtout le plus beau des poissons que l’on pouvait nous faire !
Sur le successeur de Promenade Blue paru en 2021, Nick Waterhouse semble avoir passé une nouvelle étape, celui-ci n’est pas seulement joyeux, dansant, rythmé et délicieusement soul. Il y a mis quelque chose de plus, de plus profond peut-être, de plus mélancolique, voire d’un peu sombre parfois.
Après 6 albums, le natif de Santa Ana pourrait définir aujourd’hui ce qu’est la classe américaine, le cool allié à l’élégance, au charme et à la grâce, bien à l’image de sa musique. Le crooner californien est connu pour être très doué pour le swing et la soul, tout en restant étonnamment moderne, à l’instar d’une Lana Del Rey, qu’il a d’ailleurs accompagnée sur son dernier album. On ne peut s’empêcher de pousser les tables pour entamer une petite danse à l’écoute d’un seul de ses morceaux, et cet album ne déroge pas à la règle qui nous entraine sur les pistes aux couleurs 50’s/60’s en évitant tout passéisme suranné.
On y retrouve en effet ce mélange subtil qui allie le passé au présent, le swing des 50’s en fond, une pop-soul chaude et rythmée en surface, un chant parfaitement maîtrisé et des textes toujours bien écrits. L’album démarre avec Looking for A Place, ça balance gentiment, les guitares se font encore discrètes, le tempo est un peu lent, la voix doucement suave. (No) Commitment est lui assez aussi proche de ce que Waterhouse avait l’habitude de nous offrir. Les notes de piano et de guitares comme celles de la contrebasse s’en donnent à cœur joie pour nous faire danser.
Late In the Garden est sans doute le titre le plus marquant de l’album, précisément parce qu’il se démarque des autres par sa rythmique comme par l’ambiance qui s’en dégage, un peu comme si Johnny Cash avait rencontré Lou Reed dans un bar un peu glauque, pour boire et chanter jusqu’au bout de la nuit…
The Fooler traduit l’ombre et le reflet de San Francisco, une ville au centre de l’album et que l’artiste connaît par cœur mais que, peu à peu, il ne reconnait plus, lui donnant l’envie et le désir de la quitter pour s’installer en France. L’album raconte ainsi l’histoire d’une ville imaginaire ou qui n’existe plus, et de ses habitants. Ses chansons parlent de la mémoire, du temps, de l’amour, de la vérité et du mensonge. « Un changement s’est produit lors de l’écriture de ce disque » confie Nick Waterhouse. « J’ai voulu soudain raconter des histoires en chansons, ça m’est venu un peu comme une épiphanie. J’ai commencé à réaliser comment je pouvais courber le temps dans beaucoup de choses qui se tissent dans le disque. J’ai maintenant une perspective en tant que narrateur, au lieu d’être l’occupant des chansons.
De la superbe pochette illustrée par une photo de Jim Marshall aux textes et à l’ambiance musicale, tout tourne en effet autour de la ville sur la baie, une ville disparue, une ville fantasmée, superbement mise en sons par un producteur en phase avec son auteur, entièrement tourné vers ses compositions et son chant remarquable sur les divins Play To Win et Hide & Seek .
On sent en effet que quelque chose a changé pour Nick Waterhouse avec cet album. Bien sûr que le temps joue sur les choses et les gens et que l’amour, et les rencontres de la vie laissent forcément des traces… Et aussi peut-être, un soupçon de mélancolie, avant de repartir pour de nouvelles aventures.
Nick Waterhouse · The Fooler
Innovative Leisure – 1er avril 2023