[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]S[/mks_dropcap]ur les terres suisses du cinéma fantastique, cette année encore ! L’invité de marque de cette édition 2017 était Miike Takashi, venu présenter son Jojo’s Bizarre Adventure en avant-première mondiale.
Évidemment, la programmation a été hyper variée, comme toujours grande ouverte sur l’Asie, avec en complément-cadeau-hommage la rétrospective de Suzuki Seijun (dont on vous avait déjà parlé ici), et un choix d’activités satellitaires à la compétition toujours plus grand.
Niveau compétition internationale justement, le jury a décerné le Narcisse du Meilleur Film pour l’édition 2017 à :
Super Dark Times – Kevin Phillips
Usa – Septembre 2017
Dans les années 90, Zach et Josh sont les meilleurs potes du monde, se connaissent depuis leur plus jeune âge, et partagent tout. Dans leur petite ville paisible, leurs seules préoccupations sont les filles, surtout Allison, et… eux-mêmes. Un après-midi, ils rejoignent deux autres amis et pensent s’amuser avec le katana du frère de Josh, engagé chez les Marines. Et puis, l’accident. Tout part en vrille.
La déchirure de l’entité protectrice de cette amitié entre les deux héros, la paranoïa et la peur viscérale de faire face au pire, oui d’une certaine manière c’est refuser d’entrer dans le monde adulte. Freiner des quatre fers au seuil d’une vie de responsabilité, de culpabilité, de raison face à l’envie. Et accepter de voir tout ce qui nous échappe nous échapper.
L’interprétation extrêmement juste de Owen Campbell (Boardwalk Empire) dans le rôle de Zach, ce gamin timide, discret, responsable, qui perd brutalement le lien avec sa part d’enfance, préférant oublier son désir pour ne pas l’associer au pire, est évidemment liée à celle de Charlie Tahan (Wayward Pines), alias Josh, délicat dans l’expression de la solitude absolue de cette âme tortueuse d’adolescent.
Un film superbe, surfant sur le fil du thrill et de l’horreur. L’adolescence, quoi.
Message de spectatrice agréablement surprise : « Tout y est ».
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Sans surprise, le prix du Public est allé à :
Jojo’s Bizarre Adventure : Diamond is Unbreakable – Miike Takashi
Japon – août 2017
Ce film est l’adaptation du chapitre 4 du manga ultra célèbre du même nom, de l’auteur Hirohiko Araki, qui l’a développé sur 118 volumes. Le passage image de ce délire combatif, coloré et codifié est superbement réussi. Le crossover cinéma-anime est parfait. Tout dans ce film est fabriqué de toute pièce, du décor espagnol transformé en village japonais, aux costumes au design très léché, en passant par la folie capillaire, oui, tout est fait pour que la distance existe absolument, que la réalité ne prenne jamais vraiment le pas sur le récit qu’on en fait.
Yamazaki Kento, qui incarne Josuke « Jojo », est si parfaitement plastique qu’à certains moments, on pourrait douter de sa véritable existence… il est ce garçon puissant, qui maîtrise parfaitement son « Stand » (sa propre représentation psychique qui prend corps pour pouvoir combattre celle de ses ennemis), et faible à la fois parce que si humain, frappé par l’absence de son père et aimant tant son grand-père qui l’a élevé. Mais aussi parce qu’il adore sa coiffure. Ne jamais provoquer Josuke à propose de son « hairdo »… ça ne ramène que des problèmes.
L’amitié, la filiation, la capacité de résilience de l’humain, toutes ces notions encadrent l’équipée de Jojo face à ses adversaires. Miike Takashi transforme ce défi de taille en un film totalement spécial, où l’humour et l’horreur aiment se côtoyer, et où la maîtrise des effets d’animations permet une envolée fantastique aux couleurs de l’enfance.
Message de non-fan malgré tout conquise : coucouche panier Marvel !
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Le jury a encore décerné le Méliès d’Argent du meilleur film Européen à El Bar de Alex de La Iglesia, un habitué des lieux ; la Mention Spéciale du Jury est attribuée à Mon Ange de Harry Cleven, belge au grand cœur ; le Prix de la critique internationale revient à The Endless de Justin Benson et Aaron Moorhead.
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Quant à la Mention Spéciale de la Spectatrice Que Je Suis, je l’attribue à Colossal, pas du tout en compétition, mais vrai coup de cœur pour ce film de Nacho Vigalondo, catégorie « Films of the Third Kind« .
Oser réinterpréter le Kaiju Eiga (« cinéma de bêtes étranges ») à la sauce comédie-dramatique américaine, et donner le rôle principal à Anne Hathaway, était un bien étrange défi… Relevé haut la main, tant le traitement est malin, équilibré, et sur un fil de narration réaliste vraiment maîtrisé.
Gloria se fait jeter par son aimable fiancé Tim (Dan Stevens), agacé par son comportement de fêtarde qui se pochetronne tous les soirs et oublie un peu trop sa vie et son couple. Sans le sou, elle décide de s’installer dans la maison familiale, vide en attendant de nouveaux locataires. À peine arrivée, elle tombe sur Oscar (Jason Sudeikis), un copain d’enfance, qui lui propose spontanément de l’aider. Les retrouvailles se fêtent à grands coups de bière et de whisky…
Pendant ce temps, apparaît à Séoul, un monstre gigantesque qui fait d’énormes dégâts et beaucoup de victimes sur son passage. Gloria est effondrée en apprenant la nouvelle, et reconnait quelque chose dans l’attitude du monstre… C’est alors qu’elle comprend qu’elle est en partie responsable de l’arrivée de ce phénomène colossal de l’autre côté de la planète. Comment ?!!
Comment transcrire le mal-être et l’alcoolisme sans tomber dans le pathos ? Comment démontrer que certaines amitiés peuvent devenir de vraies tyrannies ? Comment dire que le jugement et l’amour sont souvent tellement liés qu’ils peuvent détruire leur objet ? Et, surtout, comment mettre une raclée à des trucs aussi énormes ?
Nacho Vigalondo répond à toutes ces questions, justement, drôlement, finement. Anne Hathaway y est piquante, tordante, à baffer et adorable, servant à la perfection le sujet et son personnage.
Message de spectatrice-godzilla : monstrueuse et lumineuse idée !
Voilà, il y a évidemment beaucoup d’autres titres qui sortent vraiment du lot, et qui vont vous être présentés en détails, mais après les vacances d’Addict-Culture !
Ah, je suis vraiment fan du NIFFF! Et après avoir lu ton article je regrette encore plus de n’avoir pu y voir que trois petits films cette année, et aucun des gagnants…