[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#2579BF »]A[/mks_dropcap]près L’été des charognes, Simon Johannin est de retour avec un livre coécrit avec sa compagne Capucine. Nino dans la nuit est d’une toute autre envergure, n’ayant plus l’aspect très sombre du premier livre, mais la grisaille du labeur d’un jeune couple. Ce gris est percé par des lueurs multicolores : l’amour du narrateur pour Lale, ses amitiés et sa débrouille. Servi par une écriture décomplexée, ce livre prouve une nouvelle fois la vivacité de la littérature contemporaine.
On débute le récit par une tentative pour Nino de rentrer dans la légion étrangère. Le narrateur décrit de manière hallucinée cet univers où chacun, oppressé par la hiérarchie, tente de s’en sortir à sa façon. Nino se plie à la violence autoritaire mais reste lucide. Ce paumé magnifique n’ira pas plus loin dans la légion. Attaché à l’amour qui le relie à Lale, Nino fait son chemin à l’opposé de ceux qui font carrière. Capucine et Simon Johannin décrivent l’itinéraire d’enfants livrés au chaos social.
Ce qui ressort de la lecture de ces 280 pages est la bienveillance dont les personnages regorgent. Avec leurs conditions sociales, ils ont l’intelligence de la débrouille et de l’honnêteté. On ne sait pas à quel point ce roman comporte une part de la vie de ses auteurs. On ne cherchera pas à le savoir tant on s’attache plus à Nino et Lale mais aussi à Malik le meilleur ami, celui toujours présent au côté de Nino. La lecture est portée par une écriture vivante qui n’a rien à envier aux page-turner.
Simon Johannin accompagné de Capucine transforme l’essai en un point gagnant, celui qui permet de voir que ces jeunes écrivains créent des histoires dans une verve populaire, possédant un certain réalisme. Celui-ci est là pour que l’on s’attache à l’humanité des personnages. Ce n’est pas la description d’un « paradis » comme l’indiquerait le nom de famille de Nino, mais c’est une ode à ceux qui ne possèdent pas et ne contrôlent pas mais vivent avec intelligence et bienveillance.
Signalons aussi la réalisation d’un clip par Contrefaçon, collectif de musiciens et de vidéastes créé en 2014, inspiré du livre. Intitulé Ancilla Domini, il amène une esthétique à l’univers de Nino et Lale et espérons qu’il incite encore plus de monde à lire Capucine et Simon Johannin.
Nino dans la nuit de Capucine et Simon Johannin
Paru le 3 janvier aux éditions Allia
Super critique ! Ce livre me tente beaucoup !