[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]D[/mks_dropcap]es tensions de classe approchant du point de rupture, des manifestations qui dégénèrent, des squats évacués, des élections présidentielles contestées… Ça ne vous rappelle rien ? Entre la crise des gilets jaunes, la ZAD de Notre-Dame-des-Landes et la crise politique que traversent quelques grands pays, No War (Casterman) d’Anthony Pastor fait sacrément écho à l’actualité.
Dotée d’une écriture enlevée et fourmillant de personnages au caractère bien trempé, la nouvelle BD de l’auteur de La vallée du diable s’avère être la première d’une série plus que prometteuse, aux codes télévisuels assumés. Un livre de 100 pages tous les 6 mois. C’est le pari du projet No war qui, avec ce premier opus sorti début janvier, commence par planter le décor, pour le moins original.
L’histoire prend en effet sa source au Vukland, archipel fictif situé entre l’Islande et le Groënland. Un couple séparé s’y déchire. Lui est ingénieur en charge d’un projet de barrage qui aurait pour conséquence de profaner les territoires sacrés kiviks. Elle, est activiste de la cause kivik et lutte contre le gouvernement et son fichu projet de barrage. Entre eux, leur fils Run ne va pas choisir. Il a 17 ans et ne veut pas se laisser dicter sa conduite. Soucieux du lien qui peut exister entre le respect de la terre et le respect de l’humain, il va néanmoins constituer le fil rouge de l’intrigue. C’est ainsi qu’après avoir découvert le cadavre de l’ingénieur Ragnar flottant sur les bords de la mer Saarok, le jeune homme va se saisir d’une Kafikadik, une pierre aux étranges et dangereux pouvoirs. À partir de cet instant vont s’enchaîner les événements, parfois tragiques. Une ribambelle de personnages va y être mêlée. À commencer par Joséphine, un service de renseignements à elle toute seule. Son frère Brook a quant à lui épousé le mode de vie des jeunes des rues. Non sans s’exposer à la dure loi qui y règne, sous la houlette de Kim notamment, laquelle fait partie d’une milice violente aux ordres du nouveau gouvernement Pürsson.
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Le tableau serait à peine complet si l’on ne parlait ici de Kas, meilleur ami de Run. Issu d’une classe populaire, il est abonné aux quatre cents coups. Pour ce qui concerne les autres personnages, ils apparaissent au fil de l’eau (glacée).
Avec ce premier tome de No War nous est livré un beau paquet d’informations, provoquant en nous une sorte de vertige et un réel attachement au récit. Pour autant, la BD n’use pas de bavardages inutiles. Le vide et le silence habillent nombre de cases, nous laissant nous imprégner d’une ambiance, des aléas d’une course-poursuite, d’un drame… Ce dessin narratif (que revendique Anthony Pastor en s’inspirant du travail graphique d’un Hugo Pratt ou d’un Bastien Vives) apporte une énergie communicative.
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Comme pour prolonger notre plaisir de lecture (tel un réalisateur nous invitant à le suivre au long cours), l’auteur conclut la BD par un bonus de quelques crayonnés situant les us et coutumes de ce peuple kivik inventé. Ces dernières pages sont suivies d’un extrait du tome 2, présenté comme une véritable « bande-annonce du prochain épisode », dont la sortie est prévue à l’automne 2019. Pour le tome 3, il vous faudra attendre le printemps 2020. On vous l’avait dit, un livre tous les 6 mois ! De quoi vous rendre addict non ?!
No war de Anthony Pastor
paru chez Casterman, janvier 2019