[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#1E7B8C »]L[/mks_dropcap]a citation de Milena Agus en exergue du livre de François Beaune, Omar et Greg, pourrait à elle seule faire office de chronique : « Je crois que si l’on veut qu’une personne nous reste antipathique, il nous faut absolument refuser de la connaître ». Force est de constater que le livre n’est qu’une rigoureuse application de ce précepte.
Omar et Greg est un livre qui laisse parler ses deux protagonistes. Sorte de longue interview croisée, François Beaune met en avant ces anciens militants du FN pour les faire accepter aux lecteurs.
D’un côté, Greg qui trouve sa nouvelle famille dans ce parti nationaliste à l’âge de 15 ans, et de l’autre, Omar ex-chasseur de skin et antiraciste puis devenu musulman très impliqué franchissant la porte du parti raciste par désillusion. Tous deux vont se rencontrer dans une aventure politique quasi-inédite. Dans leur implication politique, il y a l’obsession du patriotisme, obsession creuse qui apparaît comme une bouée sans corde. Au-delà, Omar et Greg ne partagent pas grand-chose des différents courants de ce parti, n’étant ni traditionalistes, ni xénophobes.
Que le lecteur suive ou non le précepte de Milena Agus, le livre de François Beaune ne laisse pas insensible. Il démontre ce que les verbes connaître et comprendre ont de différent. L’éclaircissement sur la vie et les opinions politiques de ces deux personnes devenues personnages permet de saisir ce qui est, selon le point de vue que l’on porte, soit un parcours de vie soit un naufrage idéologique.
La lecture d’Omar et Greg peut prendre l’allure du récit d’un délaissement et d’une très profonde solitude, comme un vide dans l’histoire politique française.
Omar et Greg de François Beaune
Paru le 21 septembre aux Éditions Le Nouvel Attila