[mks_dropcap style= »letter » size= »83″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]hristine Ott est ondiste. Non, elle ne joue pas de la tondeuse mais des Ondes Martenot. C’est quoi ça les Ondes Martenot me demanderez-vous ? Pour plus de précisions, et parce que je ne vais pas vous mâcher tout le boulot, voir l’excellente interview de la dame chez Gonzai.
Maintenant que c’est dit, que c’est fait, on va pouvoir passer à autre chose.
Notamment à Only Silence Remains, son second album. Pour commencer, on pourra constater une chose avec Christine Ott, c’est que celle-ci aime prendre son temps pour créer. Sept ans entre Solitude Nomade et Only Silence Remains, c’est long, très long. De là à se dire que Christine Ott serait un rat de studio un tantinet perfectionniste, sorte de Brian Wilson ou Kevin Shields française, il y a un pas que je ne me permettrai pas de franchir ; surtout quand on jette un œil à tous les projets auxquels elle a pris part (en vrac participation diverses et variées, création de B.O, ciné-concerts, etc…), on est presque en droit de se demander comment elle a pu trouver le temps pour composer Only Silence Remains.
[mks_dropcap style= »letter » size= »83″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]T[/mks_dropcap]oujours est-il qu’Only Silence Remains sort ces jours-ci (le 20 mai précisément) et qu’il est très très beau. Je ne parle pas seulement du design, de cette superbe photo noir et blanc, tempête sur des massifs montagneux, ou du magnifique digipack, non, seulement du contenu. Véritable ode au silence, ce second disque l’explore sous toutes ses formes, autant dans son aspect apaisant que dans l’angoisse que celui-ci peut générer. Pour cela Christine Ott va déployer tous les moyens dont elle dispose : archives sonores, quelques Fields Recording, pratique d’instruments divers et variés (parce que j’ai un peu oublié de vous dire : outre les Ondes Martenot, Ott joue quasiment tous les instruments présents sur son album), enregistrement live et surtout un sens de la mise en scène épatant. Parce qu’Only Silence Remains a sa propre logique, limpide, autant dans le développement des émotions, que dans les lieux évoqués dans les titres. Entre un A Mes Étoiles presque guilleret et un Disaster au final porteur d’espoir, la palette émotionnelle avec laquelle joue Ott est d’une largeur quasi infinie. Bon nombre y passe : L’angoisse, la beauté, l’apaisement, la joie, la tristesse, parfois toutes réunies dans un même morceau (Szczecin). Pour parvenir à les rendre tangibles, Ott va élargir sa palette musicale. Seront donc conviés à table le néo classicisme à la Max Richter (la fin de Disaster), les B.O de Michael Nyman (Szczecin), le Dark Ambient (Tempête), le jazz (Raintrain), la délicatesse de Satie (No Memories) ainsi que l’expérimental (Disaster).
[mks_dropcap style= »letter » size= »83″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]ertes, me direz-vous, vouloir ouvrir sa musique à d’autres styles c’est sympa mais ça ne suffit pas à faire un bon album, d’autant plus quand les styles abordés sont plutôt casse-gueules. Le talent rare que possède Ott sur Only Silence Remains est de parvenir, avec tous les éléments qu’elle a en sa possession, à créer et développer un univers pour chaque morceau (L’exemple le plus parlant reste le superbe No Memories, lumineux, émouvant, sorte de course effrénée, rythmée par des changements incessants donnant cette impression au final de ne plus savoir où aller, ne plus se rappeler de quoi que ce soit.) sans pour autant livrer un album décousu. Parce qu’en même temps, l’autre talent qu’a Christine Ott, c’est aussi d’avoir une écriture au pouvoir visuel très fort, avec cette impression qu’elle utilise toutes les gammes pour créer des paysages : sur Szczecin, le crachin se fait pénétrant, sur Sexy Moon vous êtes dans l’espace, en apesanteur, un peu plus loin vous vous retrouvez dans un train à vapeur se mettant lentement en marche ou, encore plus loin, seul, perdu en plein désert arctique (Danse Avec La Neige) ou au beau milieu d’une invasion extra-terrestre (ou d’un film d’Ed Wood c’est au choix). Tout cela est amené finement, délicatement, dans une unité, une cohérence qui impressionne car Christine Ott a, comme autre talent encore (mon dieu, c’est fou ce qu’elle a comme talents), cette volonté farouche de rendre sa musique la plus accessible possible. D’un terreau assez ardu, difficile au départ (le silence), elle fait tout, et y parvient, pour capter l’attention et tenir en haleine l’auditeur sur près de 3/4 d’heure et ce, tout naturellement, sans aucun compromis et en proposant surtout une ligne conductrice claire, lisible, très cinématographique et plutôt émouvante au final.
[mks_dropcap style= »letter » size= »83″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]B[/mks_dropcap]ref, si, comme le dit l’adage populaire, le silence est d’or, Christine Ott, avec son second album, lui a offert un écrin à sa mesure : fin, élégant, passionnant et, somme toute, terriblement addictif.
Sortie le 20 mai chez Gizeh Records ainsi que chez tous les disquaires/orfèvres de France et de Navarre.
N.B : A noter que ceux qui achèteront le disque au format vinyle ne trouveront pas No Memories dessus (En revanche, il sera offert en téléchargement associé). Donc le mieux que vous ayez à faire est d’acheter Only Silence Remains dans tous les formats possibles.