[mks_dropcap style= »letter » size= »65″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#55afb5″]O[/mks_dropcap]uvrir Otages et se sentir enfermé. Le roman débute par cette phrase :
Qu’est-ce que tu vois ?
Prononcée par Albert, archéologue allemand victime d’une prise d’otages.
Il vient d’être enlevé avec son interprète Osama et ils sont tous les deux dans le même réduit. Le réduit, titre de la première partie.
Sherko Fatah va nous décrire pendant 250 pages le désespoir de ces deux hommes, la violence qu’ils subissent, les doutes, la peur, les questions. Pourquoi ont-ils été enlevés ? Qui les détient ? Pourquoi passent-ils de mains en mains ? Vont-ils être tués atrocement, vendus à un groupe pire que celui qui les détient ?
Tous ces questions les assaillent, mais ce ne sont pas les seules.
L’enfermement les poussent à s’interroger sur leur passé. Respirations bienvenues de la part de l’auteur, car le texte est étouffant. Sortes d’interludes qui nous font découvrir tour à tour deux hommes en proie avec leurs erreurs du temps d’avant l’enlèvement.
Ainsi Osama retrouve un homme qu’il a trahi des années auparavant.
Albert, de son côté, s’interroge sur ses recherches archéologiques et le sens qu’il entendait leur donner.
Plus ou moins amis dans la liberté, ils vont devoir compter l’un sur l’autre, s’apprivoiser, se détester, s’accuser.
Une partie importante du roman se joue là, dans ce duel entre deux hommes brisés mais gardant encore une mince étincelle intérieure qui leur permet de tenir et de s’accrocher.
Otages n’est pas seulement une histoire d’enlèvement. C’est aussi une sorte de pont entre le monde occidental et le monde arabe.
Sherko Fatah analyse finement les relations entre Albert et Osama comme représentants de leur monde, si différent mais au bout du compte pas tellement éloignés.
Otages de Sherko Fatah
traduit de l’allemand par Olivier Mannoni – éditions Métailié – août 2017