On, en la personne de notre remarquable mais néanmoins belge Davcom, vous avait raconté ici-même tout le bien qu’on pensait des débuts discographiques du groupe canadien Ought, suite à la parution coup sur coup d’un impressionnant album More Than Any Other Day, suivi rapidement par le tout aussi indispensable EP Once More With Feeling.
Tim Beeler Darcy, Ben Stidworthy, Tim Keen et Matt May, les quatre membres originaires de Montréal enfoncent le clou avec rage et détermination en nous balançant (dans les dents) Sun Coming Down.
La pochette a beau se parer de jolies couleurs, le titre évoquer le coucher de soleil, Ought reste fidèle à lui-même, sombre et tendu, en équilibre fragile sur une lame de rasoir. L’album est produit par Radwan Ghouzi Moumneh, le leader de Jerusalem In My Heart et aux manettes derrière des groupes tels A Silver Mt Zion, Arlt, Matana roberts, Suuns ou Eric Chenaux et son travail est remarquable, permettant au groupe de trouver le juste équilibre entre puissance sonore et élégance stylistique.
Certes, on sent l’influence noise d’un Sonic Youth (écoutez donc le premier morceau Men For Miles) ou la folie de The Fall ou Pavement (le violent The Combo, mélange parfait de ces 2 groupes) mais avec la distinction d’un Television ou d’un Talking Heads, la voix de Tim Darcy se rapprochant fortement de celle de David Byrne , en particulier sur la magnifique Beautiful Blue Sky, point d’orgue du disque.
L’album ne comporte que 8 titres mais 1000 idées à la seconde, chaque chanson se construit et se détruit à coup d’accélérateurs chaotiques et de breaks inattendus, seule la tension perdure. L’auditeur n’étouffe pas, non il brûle littéralement, consumé par l’impeccable rythmique de Tim Keen et la voix extatique de Tim Darcy fouettée par les riffs monstrueux de sa guitare.
Sur Sun’s Coming Down, le soleil commence en fait par nous tomber directement sur le coin de la tronche avant que le chanteur ne vienne nous secourir en clamant Just Like That It Changes, pour repartir sur un tout autre morceau. Pour le coup, on n’est pas vraiment sauvé, tant le groupe continue à nous martyriser. Ought ferait passer Viet Cong pour des jeunes communiants, je ne vois que les Protomartyr pour leur faire concurrence. Ils ne nous lâchent pas une minute que ce soit sur l’exalté Celebration ou le magnifiquement torturé On The Line, petit condensé d’Art Punk, en dignes rejetons de Père Ubu.
Sun Coming Down se conclut par Never Better, on a du mal à les croire, tant on est persuadé que le meilleur est encore à venir pour ces jeunes canadiens, leur album est presque parfait, mais on sent qu’ils en ont encore sous la pédale.
Sun Coming Down est disponible depuis le 18 septembre chez Constellation/Differt-Ant.
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