[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]P[/mks_dropcap]our un groupe, quand l’effet de surprise ne joue plus, il y a bien des écueils à éviter afin de pouvoir proposer une œuvre qui tienne la route sans tomber dans le piège de la redite. Après trois premiers albums fracassants (quatre si l’on compte American Specialties, sorti uniquement en cassette en 2011) , une poignée de disques plus bruts sous le nom de Parkay Quarts, un superbe album solo d’Andrew Savage et une non moins bonne collaboration avec Daniele Luppi sur l’album Milano en 2017, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on attendait Parquet Courts au tournant.
Alors, quand le nom de Danger Mouse a commencé à circuler pour les épauler sur la production de Wide Awake!, un léger frisson nous a parcouru l’échine. Allaient-ils tomber dans une certaine aseptisation d’une écriture connue pour être sèche et nerveuse ?
Qu’on se rassure. Si Wide Awake! se démarque des précédents albums, c’est surtout au niveau de sa diversité. Le groupe a toujours soigné ses entrées en matière. Le riff de Total Football ne déroge pas à la règle, la suite principale pétaradant comme une pièce des Minutemen sous tension.
La doublette Almost Had To Start A fight/In And Out of Patience est de loin dans le peloton de tête de ce qu’on a entendu de plus excitant dans une année pas spécialement marquante niveau fête du slip. Mais là on est en terrain connu, les changements sont ailleurs.
Sur Wide Awake! par exemple. On jurerait un titre de Gang Of Four joué dans la foule du carnaval de Rio. Les claviers cheap s’invitent sur Before The Water Gets Too High, dépouillé à l’extrême, tandis que Mardi Gras Beads fait un détour par la Pop trempée dans l’Americana de leur Texas natal. Violence est une harangue Funky Punky que n’auraient sans doute pas reniée les Beastie Boys à une certaine époque et in fine, le Space Rock s’invite sur Back To Earth.
Vous l’avez donc compris, ça part dans tous les sens mais la cohérence reste de mise. La majorité des chansons sont chantées par Andrew Savage, Comme si Austin Brown avait voulu être plus en retrait. La basse de Sean Yeaton vrombit à toute allure tout en étant d’une technicité élastique parfois étonnante. La dynamique du disque lui doit beaucoup.
Avec Wide Awake!, Parquet Courts prouve qu’une certaine remise en question est tout à fait possible sans se renier.
Réjouissant.
Retrouvez l’interview de Parquet Courts réalisée par David Jégou ici !