Enon est un livre de deuil. Réel ou imaginé, on ne sait pas. Après tout peu importe.
Une jeune fille d’une quinzaine d’année meurt sous les roues d’une voiture. Le couple que formait les parents (peut-être grâce à la présence dans leur vie de cette enfant) implose peu après, rajoutant une douleur à l’extrême souffrance déjà présente.
Une fois ce couple séparé, il ne reste que le père qui raconte sa déchéance. Dans un premier temps, seul sa fille occupe ses pensées. Il n’y a place pour rien d’autre qu’elle.
Un nouvel accident hasardeux fait qu’il se casse la main et que pour alléger le mal, il prend des calmants. De plus en plus de calmants. Puis de la drogue. De plus en plus forte. Jusqu’à devenir un junkie.
Parallèlement à cet univers médicamenteux, le père se souvient et imagine. Kate enfant, Kate bébé, Kate adolescente. Sa présence. Ses absences. Leur complicité. Leurs conversations. Comment Kate serait-elle devenue en grandissant.
Et si l’accident n’avait pas eu lieu.
Sa fille envahit tout. Tout se résume à sa fille. Entre deux quêtes d’ordonnance ou de dealers.
Paul Harding, auteur d’une première oeuvre remarquée : Les foudroyés, ne laisse que peu de place à l’espoir dans ce nouveau roman.
C’est un livre très dur et extrêmement touchant que ce Enon, nom de la ville dans laquelle vécut Kate et dans laquelle son père s’acharne à ne pas sombrer complètement.
Paul Harding, Enon, traduit de l’américain par Pierre Demarty, Editions du Cherche Midi, août 2014