[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]D[/mks_dropcap]u made in France qui fantasme un super héros dans New York grâce à une animation en 2D : le simple projet de Phantom Boy a quelque chose d’alléchant dans la galaxie de pixels qu’est désormais le divertissement destiné à la jeunesse.
Résolument à l’ancienne, le film se distingue tout d’abord par son esthétique ; cohérente, elle a le mérite de ne pas sembler fauchée ou entreprise par dépit, et représente une ville presque rétro, sur laquelle les envolées du jeune homme occasionne un surplomb fluide et magique, tout en lenteur immatérielle. Ici, point d’action à tombeau ouvert, tout est sous l’égide d’une présence fantomatique qui va feutrer les enjeux du récit. Car l’image est bien en adéquation avec l’intrigue, linéaire et banale entre toute (déjouer les plans d’un méchant mégalomane résolu à raser la ville), mais désactivée au point de coller avec des thématiques bien plus profondes.
Leo est en effet malade et passe le plus clair de son temps dans un hôpital. Les échappées de son corps lui permettent de ramener les autres malades en perdition fantomatique, mais aussi d’assister à la détresse que ses parents tentent de lui cacher quant à son état de santé. Il forme par la suite un duo avec un policier immobilisé en devenant ses yeux dans la ville aux prises avec le dangereux psychopathe : il n’est qu’un regard, incapable d’interagir. C’est là la beauté mélancolique du film que de laisser à l’enfant sa fragilité en dépit de son habilité magique : narrateur face à l’adulte, il constate et guide, il partage son imaginaire pour empêcher la propagation d’un virus informatique qui détruirait la ville.
Le parallèle avec son combat contre la maladie est certes évident, mais néanmoins subtil pour le jeune public auquel il s’adresse. Léo s’évade de son lit, convoque la figure du policier et de l’adulte pour mobiliser les forces vives à même d’éradiquer le mal.
Sans pathos excessif, avec pudeur et grâce à une animation singulière, Phantom Boy touche au but : c’est par la délicatesse d’une présence immatérielle qu’on circonscrit les plus grandes douleurs.